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On a parlé du grand écrivain Victor HUGO. Voyons le thème non pas de son épouse mais de celle qui s'est langui des heures et des jours en attendant son bien-aimé et qui a 77 ans avait toujours pour lui des mots doux. Mademoiselle Juliette...s'appelait en fait Julienne Joséphine GAUVIN ; elle était née dans la belle ville de FOUGÈRES en Ille et Vilaine, le 10 avril 1806 à 7 h du matin comme vous pourrez le constater ci-dessous.
Melle Juliette ou du moins Julienne Joséphine est du signe du
BÉLIER Asc GÉMEAUX.
8 planètes au-dessus de l'Horizon et 5 dans le quart SUD EST. Avec une bonne répartition des planètes dans les éléments, une dominante humide. (réceptivité, plasticité, expansion...)
Une nature expansive, pressée de vivre, au caractère jeune, amoureux des plaisirs qui recherchera les contacts.
Elle a perdu sa mère peu après sa naissance (décembre 1806) son père meurt l'année suivante (SATURNE opposé au SOLEIL) et elle et ses frère et soeur sont placés en nourrice avant de recevoir une éducation dans un couvent de FOUGÈRES sous la tutelle d'un oncle par alliance René-Henry DROUET, sous lieutenant, époux de leur tante maternelle : Françoise MARCHANDET ; en s'installant à PARIS il lui fait suivre une scolarité dans un établissement de St MANDÉ dès ses 10 ans, peu après le décès de sa soeur aînée : Thérèse en 1813.
Elle est actrice, âgée de 27 ans, quand elle rencontre le trentenaire : Victor HUGO, auteur de Lucrèce Borgia qui fait un triomphe à la Porte St Martin, en février 1833 ; pas moins de 62 représentations. Elle est connue sous le nom de spectacle de : Juliette DROUET et fait figure de : Princesse Negroni.
S'ensuit Marie TUDOR une oeuvre romantique en prose qui débute en Novembre de la même année.
Elle tient le rôle de Jane mais elle joue si mal qu'elle est sifflée. Sous la pression de DUMAS et de sa maîtresse (également actrice), elle se trouve contrainte de céder le rôle dès le lendemain. Il n'aura pas été le seul à demander ce remplacement. Madame Adèle HUGO s'est chargée également d'émettre ses opinions sur le talent de la demoiselle dont son mari venait de faire la connaissance et a tout fait pour l'éloigner des planches et du mari infidèle. Mais le résultat n'en sera pas meilleur.....ni sur scène ni au sein du couple HUGO.
La carrière de la Demoiselle DROUET commencée 5 ans plus tôt sur les planches Bruxelloises prend ainsi fin malgré un engagement signé comme pensionnaire au Théâtre-Français.
La liaison est désormais connue et colportée auprès du Tout-Paris. On n'omet pas de souligner qu'elle a envoyé à l'auteur un mémoire de 7 000 frcs de sa blanchisseuse en guise de billet doux et qu'il a du souscrire des effets (lettres de change, billet à ordre).
Elle est en réalité couverte de dettes fort élevées. Victor HUGO dont le niveau social a évolué s'en acquittera.
S'il tient les cordons de la bourse....Elle, elle tient parfaitement à jour ses comptes qu'elle lui fournit.
Elle est la mère d'une petite fille : Claire qu'elle a eu après deux années de liaison avec le sculpteur James PRADIER, en 1826.
En 1834, elle s'installera dans une maison de Jouy en Josas louée par l'auteur.
C'est le début d'une liaison fertile en orages, en désillusions, en colères, retrouvailles, réconciliations.
C'est un amour servile tout de dévotion : "je t'aime à genoux..."
Durant l'été, ils se rendront à Louviers, à Évreux, à Brest et sur les bords de la Loire.
Mais dès la fin de l'été, il retourne chez lui et les lamentations reprennent :
"J'ai le coeur serré et les yeux pleins de larmes et aussitôt que je regarde ton portrait, je pleure. Je ne peux m'habituer à cette affreuse séparation....."
L'année suivante ils voyageront en Normandie et en Picardie et ainsi chaque été vers une destination différente. Ce qui ne peut que plaire à notre Juliette dont la LUNE en conjonction de JUPITER en Maison 9 n'attendait que cela.
En 1836, ils voyageront dans sa ville natale : Fougères ; il en fait état dans son dernier roman Quatre vingt treize ; la Tour Mélusine qui fait partie de l'enceinte du château ressemble à la Tourgue.
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Photographie des frères Neurdein |
Le dessin de Victor HUGO réalisé en 1836 et réutilisé en 1873 au moment de sa parution,-dessin à droite- ressemble quelque peu à la Tour Mélusine du Château de FOUGÈRES, -à gauche- photographiée par les frères Neurdein installés à Paris en 1863.
Toto et Juju -petits noms dont ils se sont affublés- vivent ainsi des moments délicieux. Melle Juliette n'est nullement une briseuse de ménage. On se souvient que Mme HUGO est tombée deux ans plus tôt sous le charme de Sainte BEUVE, l'ami de Victor HUGO, le parrain de leur fils et qu'il a très mal vécu cette tromperie. Léopoldine leur fille a désormais 12 ans ; elle est élevée dans un milieu intellectuel et mondain. Elle se rend au bal, au spectacle, assiste aux pièces de son père et fait parfois fonction de copiste.
Mais bientôt les deuils s'enchaînent ; Victor HUGO perd son frère, en 1837, Eugène devenu fou. Melle Juliette perd celui qui a été son tuteur et oncle, en 1842.
C'est auprès de sa maîtresse, alors qu'ils sont en voyage l'année suivante, qu'il apprendra par la presse en Septembre 1843, la noyade de sa fille Léopoldine, âgée de 19 ans, de son gendre puisque nouvellement mariés et de deux autres membres de la famille VACQUERIE dont un enfant de 11 ans. Supportant son chagrin, il s'empressera de s'enquérir de son épouse à qui il écrira immédiatement.
À Juliette qui l'attend, il écrit :
Que veux-tu que je t'écrive ?
Que veux-tu que je te dise ?
Je suis plein de toi.
Depuis plus de 11 ans, n'as-tu pas mon souffle, mon sang, ma vie ? Que puis-je t'apprendre que tu ne saches ? N'es-tu pas au commencement et à la fin de toutes mes pensées ?
O ma bien aimée, Il me semble que tu es devenue moi-même, et que quand je te parle, je parle à mon âme.Lis donc ce qui est en moi, et vois comme je t'aime..... 1844
Trois ans s'écoulent et c'est Juliette qui est effondrée de perdre sa fille unique : Claire, emportée par la phtisie. On raconte qu'elle n'a pu se joindre au convoi mortuaire et que c'est Victor HUGO et James PRADIER qui ont accompagné la sépulture. (VÉNUS : la fille)
Beaucoup plus tard donc, quant après qu'elle l'ait suivi sur le même bateau tout en voyageant incognito, c'est donc Juliette qui occupe la fonction de copiste, dans l'exil où elle accompagne le grand homme.
7° BÉLIER : Un sentier solitaire dans la campagne...
Juliette occupe tout d'abord une chambre dans une pension puis un cottage voisin : "la Fallue" mais se plaint de vivre "dans un régime d'ombre" bien qu'il arrive que Victor HUGO vienne travailler auprès d'elle. Des reproches non déguisés pour parler de son état de femme isolée qui s'est condamnée au deuxième rôle : "justement voici ta femme en grande toilette qui va avec VACQUERIE au-devant de toi, probablement. Je compare cette splendeur d'uniforme avec ma livrée de souillon et l'avantage n'est pas pour moi, hélas !"
Cher doux ange, c'est ta fête, c'est la mienne.
Il n'y a pas d'exil là où tu me souris.
Ce matin, je m'éveille la pensée pleine de toi : je regarde le ciel, il y a des nuages, je regarde mon coeur, il n'y en a pas. ....
.je suis proscrit, ruiné, dépouillé, banni, vaincu ; tout cela n'est rien tant que tu es là, tant que tu m'aimes. 1852
D'ailleurs, depuis 1858, Mme HUGO s'est rebiffée et refuse cette existence presque claustrale. Elle passe plusieurs mois à Paris et à Bruxelles. Son fils Charles à son tour annonce en 1861 qu'il ne reviendra pas. L'amnistie accordée en Août 1859 lui permet ce retour.
Victor HUGO se rend à Bruxelles également entre 1862 et 1863 ; durant l'été, Adèle profite de cette absence de sa mère pour fuir vers le Canada, à Halifax, poursuivant le lieutenant PINSON de ses assiduités. Elle ne reviendra pas. Elle a même fait paraître dans la Presse l'annonce de leur mariage.
Quant à son fils François-Victor, il est tombé amoureux d'une jeune fille de l'île : Émilie de PUTRON. Celle-ci cependant est tuberculeuse.
En 1864, Julienne achète en copropriété avec HUGO la première demeure au 20 de la rue d'Hauteville. Ils séjourneront chaque été à Bruxelles, au Luxembourg ou sur les bords du Rhin.
Leur vie est pleine de rituels. Chaque mardi à partir de 1962, Victor HUGO donne à dîner à une quinzaine d'enfants parmi les indigents de l'île. Cette année-là, elle recevra d'Adèle HUGO une invitation à se joindre à eux pour les fêtes de Noël. Elle déclinera l'invitation.
La fête, Madame, c'est vous qui me la donnez. Votre lettre est une douce et généreuse joie, je m'en pénètre. Vous connaissez mes habitudes solitaires et ne m'en voudrez pas si je me contente aujourd'hui pour tout bonheur, de votre lettre. Ce bonheur est assez grand. Trouvez bon que je reste dans l'ombre pour vous bénir tous pendant que vous faites le bien. Tendre et profond dévouement.
Juliette DROÜET
L'année suivante, Mme HUGO dont le caractère est bien différent, s'installe définitivement à Bruxelles. "tu t'es fixé définitivement à Guernesey en achetant ta maison. Tu ne m'as pas consultée. Moi, je te suis soumise mais ne puis être absolument esclave." ;
C'est également à Bruxelles que son fils Charles s'y marie.
Son autre fils François-Victor se remet mal du décès de son amour : Émilie morte le 14 janvier 1865 de la tuberculose.
Adèle, leur fille, continue de pourchasser son amour jusqu'à la Barbade.(1866)
Victor Adrien FOUCHER son beau frère décède en 1866
Je te bénis, ma bien-aimée.
L'année qui finit a clos la seconde moitié de ma vie ; chaque moitié de 31 ans ; la première moitié passée à t'attendre, la seconde passée à t'aimer. Ce qui me reste à vivre maintenant va s'ajouter à cette seconde moitié, et n'en sera pas distinct, tout en moi étant plein du même amour. Aime-moi. Je t'envoie mon âme. Tu est un admirable être adoré. 1864
Julienne sera la copiste de ses vers...jusqu'à ce que sa vue baisse et qu'interviendra une jeune orpheline : Blanche (en 1873) qui prendra la relève.....dans bien d'autres domaines auprès de l'insatiable HUGO.
Car malgré ses incartades -plus ou moins longues avec deux autres jeunes femmes du milieu artistique : Léonie d'AUNET durant 7 ans et Alice OZY en 1847- elle persiste à l'aimer et reste dans son sillage jusqu'à la fin, apparaissant même sur les photos de son exil avec les autres membres de la famille qui l'ont finalement acceptée d'autant qu'Adèle a quitté ce bas monde en 1868.
Victor HUGO a eu le plaisir de devenir grand-père ; mais le premier petit-fils décède à 3 mois. L'année suivante, un autre petit Georges va naître mais cette fois, c'est Adèle qui disparaît quelques jours plus tard. Il ne pourra suivre le cercueil que jusqu'à la frontière. Adèle a fait le choix d'être inhumée près de Léopoldine.
L'année suivante, ils sont à Lausanne quand vient au monde sa petite-fille Jeanne.
Durant l'été 1870, des bouleversements interviennent : Charles qui a été condamné à de la prison pour ses écrits est présent sur l'île. Ensemble, ils plantent le chêne des États-Unis d'Europe dans leur jardin. La France a déclaré la guerre à la Prusse. C'est la défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III. Victor et Julienne ont préparé leurs malles. Ils rentrent en France après 19 ans d'exil.
La Commune se prépare quand subitement son fils Charles meurt d'une crise d'apoplexie à Bordeaux. Le convoi funéraire se poursuit jusque dans la capitale et il part régler la succession à Bruxelles.
Lui qui depuis son retour avait refusé de faire de la politique s'était inscrit aux élections et se trouvant nommé député de Paris pour la Gauche, il avait rejoint Bordeaux où se tenait la nouvelle Assemblée Nationale. La mort subite de son fils avait modifié ses projets. Il soutenait l'amnistie des Communards et sa position lui vaut un échec cuisant aux élections.
Juliette qui s'est installée 55 rue Pigalle a pris à son service une cuisinière : Blanche LANVIN. Dès le mois d'Août et pour une année ils vont résider à Guernesey. C'est à cette période qu'il va tromper allègrement Julienne et qu'elle fuguera durant 5 jours avant de revenir et d'exiger de lui de la fidélité.
Son second fils est malade, son travail "93" est fini. Ils retournent au 55 rue Pigalle mais deux mois plus tard, après Noël, François-Victor décède.
En avril 1874, sa veuve et ses petits enfants, Hugo et Julienne s'installent 21 rue de Clichy, deux mois après la parution de son livre. C'est là qu'ils reçoivent écrivains et hommes politiques. Le député Édouard LOCKROY en est. Un projet de mariage se forme entre lui et Alice, sa bru.
Fin juin 1878, Victor HUGO qui déploie une inépuisable activité dans tous les domaines, est frappé d'une congestion cérébrale. À l'automne, après une convalescence à Guernesey, il s'installe Avenue d'Eylau avec Juliette. Il est très amoindri, n'écrit que fort peu.
Pour ses 80 ans en 1881, une manifestation populaire a lieu et un décret de la Ville de Paris paraît au mois de Mai pour que la partie de son avenue devienne l'Avenue Victor Hugo.
Mais Juliette est malade, elle souffre d'un cancer. Elle meurt le 11 mai 1883.
Pas de Panthéon pour Melle Juliette,
son inhumation sera plus simple. Elle est enterrée au cimetière de St MANDÉ, près de sa fille Claire, morte à 20 ans pour laquelle Victor HUGO avait une véritable affection.
Victor HUGO meurt moins de deux années plus tard.
Bonne Lecture,
isalucy23@orange.fr