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Ce samedi-là, à 4 heures, le baromètre marque 770 millimètres ; à 20 heures, il marque 760 millimètres.
Le dimanche matin, 14 Juin 1931, il indique 755 millimètres à 8 heures au moment du départ. Cette chute barométrique et l'état du ciel qui ne présageait rien de bon pour la journée, auraient dû inciter la Compagnie à remettre cette promenade en mer à un jour meilleur.
Ce sont les conclusions des experts qui après le naufrage apparaissent dans la Presse.
La veille, à Brive la Gaillarde, on enregistrait 48° au soleil et 36° à l'ombre. Tokyo vivait un cyclone. À Privas, 3 jeunes gens qui se baignaient s'étaient enlisés dans un torrent. On cherchait encore leurs corps. L'Espagne souffrait de la chaleur (43° à Cordoue), on dénombrait 4 morts par insolation. Alors, à Noirmoutier, en ce mois de juin, sans doute ne craignait-on pas les tempêtes. Et pourtant, à cette même date, le sous-marin Nautilus, à 2 500 kms de New York se trouvait aussi en difficulté (panne moteur).
Au départ de Noirmoutier, le 14 Juin 1931, le Saint Philbert, est parti vers 16 h en direction de Nantes, avec à son bord 467 excursionnistes quand une terrible tornade s'abat sur le vapeur et provoque le naufrage du streamer, au large de la Pointe St Gildas, à 8 miles de St Nazaire, en quelques secondes, sombrant près des Châteliers.
le bateau est susceptible de transporter 500 personnes.
À son bord, 80 enfants dont 30 de moins de 7 ans, en compagnie de leurs parents avaient pris place, tôt le matin, pour une excursion sur l'île de Noirmoutier. (Ils bénéficiaient de gratuité et ne figuraient pas dans le nombre de passagers indiqués). La majeure partie de ces personnes appartenaient à la nouvelle société Les Loisirs (constituée par l'union des coopérateurs de Loire Inférieure et la Bourse du Travail de Nantes).
itinéraire du bateau
Dans l'après-midi, la mer était devenue houleuse, des vents d'Ouest soufflaient en tempête. 29 des passagers souffrant du mal de mer, préférèrent rester sur l'île pour rentrer par la route en autocar ou attendre le lendemain, un retour par le passage du Gois, à marée basse.
Vers 18 h, en arrivant au chenal, près de la bouée les Châteliers, un passage réputé dangereux dans l'embouchure, le bateau est pris en travers par de violentes lames et les passagers se rassemblent d'un même côté faisant peser tout leur poids à tribord, ce qui fit basculer le streamer de 32 m de long, emportant dans les flots le bateau et sa précieuse cargaison. Le naufrage fut extrêmement rapide.
La mer couverte d'hommes et de femmes agitant éperdument les bras et hurlant d'épouvante fut le dernier souvenir des rares rescapés.
Le sémaphore de St Gildas avertit les remorqueurs de St Nazaire. Les sauveteurs de l'Herbaudière se portèrent sur les lieux. Le Glazic et le Pornic y allèrent également. 8 hommes dont un polonais, un autrichien, un norvégien furent repêchés.
Vers minuit 30, le St Christophe ramène, enroulés dans des toiles à voiles, les corps de 4 femmes qui furent, dans un immense silence, conduits à l'hôpital de St Nazaire.
Trois autres cadavres avaient été déposés par la mer sur les plages de Préfailles à St Gildas. Aucun d'entre eux n'a de papiers sur lui. L'identification va être difficile.
Pêcheurs, gendarmes, douaniers, s'emploient à la recherche de celles et ceux qui ont trouvé une mort si brutale.
À Nantes, quai de la Fosse, les familles attendent des nouvelles de leurs proches.
Mais la première liste des survivants est restreinte. Les excursionnistes restés sur l'île et ayant pris le départ à pied le lendemain sont peu nombreux. Le maire de la Plaine-sur-mer a signalé que des objets, débris, avaient été rejetés sur les brisants. Dès le premier soir, une centaine de corps furent ramenés dans la gare de la Compagnie Transatlantique sur le quai Pereire, en vue d'être identifiés, dans l'attente d'une mise en bière. Ils sont ensuite transportés à Nantes, où des chapelles ardentes ont été mises en place dans les salles du château.
Le 16 juin, la liste des passagers est diffusée dans les journaux. Les autorités sont aux aguets, plusieurs contingents de gardes mobiles, d'agents de sûreté, car ils ont déjà repérés des individus, des "écumeurs", sur les plages à la recherche du moindre objet, bijou, papier d'identité leur permettant de s'enrichir ou de changer d'identité.
Le maire de Nantes a ouvert une souscription publique afin de venir en aide aux familles des victimes de la catastrophe.
Parmi les survivants, Albert BERTHY raconte le naufrage, le sauvetage aussi et la perte de sa mère, ses deux soeurs et du fiancé de l'une d'elle.
Certains corps restent non identifiés. D'autres ne réapparaissent pas avant le mois d'octobre sur le bord de mer. Les soeurs de M. BERTHY ne seront inhumées que fin Octobre et début Novembre 1931.
Madame LAUNAY Anne Marie née à BOUVRON (44) en 1868 est l'une des victimes de ce drame. On notera que le risque bactériologique ou le risque par l'eau est grand (SOLEIL-NEPTUNE) en Maison 12 au carré d'URANUS.
La fille (1ère jumelle) du couple PINEAU-BRIAND, Suzanne née le 29 février 1924 et âgée de 7 ans au moment du drame. Elle sera retrouvée 7 jours plus tard quand la mer dépose son corps sur la commune de la Plaine sur Mer.
Elle disposait d'un très beau thème. On remarque cependant le risque de mort accidentelle (URANUS en Maison 8), le danger par l'eau (MERCURE opposé à NEPTUNE) en Maison 12.
Les deux jumelles vont décéder avec leur mère durant ce voyage . Le père accablé par le chagrin décèdera un an et demi plus tard.
Bonnes Recherches,
isalucy23@orange.fr