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lundi 29 mai 2023

Le 20 février 1921 au passage de l'EXPRESS 1018

BONJOUR,

La Première Guerre Mondiale est terminée depuis plus de deux ans et les mairies continuent malgré cela d'enregistrer les décès des "Mort pour la FRANCE". 

En ce mois de février 1921, à FEURS, quelques jeunes gens dont certains n'ont pas encore 20 ansnouvellement recrutés, sont prêts à effectuer leurs obligations militaires. Ces "conscrits" se réunissent ce mardi 8 février, dans une ambiance joyeuse afin de faire la fête ensemble. 

Ils sont 28, 28 jeunes gens entre 17 et 21 ans. Ils ont déjeuné au Restaurant de l'Hôtel de Provence chez MAISONHAUTE. Pierre, le fils du patron est là, on chante, on trinque. 

Après le repas de midi, le groupe s'est scindé en deux, certains sont allés à la Boule d'Or et d'autres au Café DAMET. 

À l'heure du dîner, ils se sont retrouvés chez Marius PERONNET, au Restaurant du Chapeau Rouge. On est en famille à FEURS, l'un des conscrits : Jean Louis BERTHAUD est son cousin. 

Ils sont gais, très très gais, voire quelque peu éméchés mais certains d'entre eux insistent pour aller danser à PANISSIÈRES, à 14 kilomètres de là. Pour cela, il leur faut un car, un véhicule suffisamment grand. Il semble que tous n'aient pas envie d'aller danser, certains sont éreintés et désirent rentrer, d'autres doivent avertir leurs parents, c'est le cas de Félix NIGAY, fils d'un industriel, qui restera chez lui....

Rendez-vous est fixé pour les "fêtards" sur les hauteurs du passage à niveau.


 

Mais avant cela, il faut trouver un chauffeur et un véhicule. Le seul disposant d'un car c'est M. DUPIN et la semaine débute aussi refuse-t-il de les conduire. Ils iront réveiller son employé : Ludovic CORNIAU qui après d'interminables palabres, sous la pression, va les conduire à PANISSIÈRES.

Onze conscrits montent à bord et quand Claude FLEURY, surnommé depuis l'enfance "Bidoche" tente de grimper à son tour dans le véhicule, on le repousse...Trop éméché ! Vas désaoûler !

Le véhicule s'engage dans l'avenue Jean JAURÈS ; au bout, le chemin est barré ; c'est l'heure du passage de l'Express Paris Lyon, le gardien, Pierre DUCLOS,  a descendu la barrière. 



Malgré le brouillard du soir qui tombe, Il a bien vu la lumière blanche du sémaphore qui indique l'imminence du passage de l'Express mais il va céder à l'insistance de la bande de jeunes gais lurons. 

Le véhicule s'engage au moment où le train à grande vitesse passe. L'Express 1018 va percuter violemment le véhicule, l'éventrant et entraînant avec lui une partie d'une banquette et ses passagers sans même s'en apercevoir. Le train poursuit ainsi sa route sous les yeux pétrifiés du garde barrière.


Les secours vont arriver relativement vite et l'Hôtel du Chemin de Fer ressemblera bientôt à un hôpital de campagne. 

Étienne Marie GUBIAN, employé, originaire du Rhône,  devait fêter ses 21 ans un mois plus tard, 

Jean Louis BERTHAUD, 20 ans, employé chez ses parents épiciers, 

Joannès PACCARD, 20 ans, hongreur, (d'une famille particulièrement endeuillée par la guerre)

Jean François MARIN, 19 ans, ajusteur,

Tous les 4 meurent en gare de FEURS (à 23 H) du fait de leurs très graves blessures.

Jean Marie Lucien BOURGIN (17 ans et demi), très gravement atteint aussi, meurt à l'aube, le lendemain, au domicile de ses parents où il a été transporté (Route de Lyon) tout proche de la gare. 

Léon Antonin DIDIER, fils unique d'un facteur, 18 ans, employé des PTT,

Jacques Antoine GIRAUD, pas encore 22 ans, boucher.

Tous les deux  gravement mutilés vont mourir en début de matinée, au lendemain de l'accident, à l'hôpital.

Antoine CUISSARD qui allait avoir 18 ans, mareyeur à LORIENT, est retrouvé mort le long de la voie ferrée,

Stéphane JAY, originaire du Puy de Dôme, 19 ans, est mort lui aussi le long de la voie ferrée.

Leurs décès sont enregistrés sur la commune de St Cyr de Favières.

Pierre COMBY  (20 ans) et Jean Marcel PILON (21 ans) meurent des suites de leurs blessures à l'hôpital

Aimé Benoît VIAL agonisant coincé entre la banquette de l'autocar et le train, est découvert quand le train arrive à ROANNE ; transporté en urgence à l'hôpital, il y décèdera dans l'après-midi au lendemain du drame (le 9 à 17 h).

Étienne FÉTINET sera amputé sur place d'une jambe mais il survivra. Il aura une vie presque normale.

Félix Goërick NIGAY, un des conscrits, qui ne  souhaitait pas se rendre à Panissières, très marqué par le drame, sera maire de FEURS entre 1953 et 1974 (année de son décès).

Claude FLEURY dit "Bidoche" qui n'a pas eu le droit de monter à bord, deviendra maraîcher.

Le chauffeur du véhicule, Ludovic CORNIAU, 35 ans, éjecté au moment du choc, 10 mètres plus loin,  s'en sort avec une légère blessure à la tête, un bras très contusionné et un état dépressif sévère tel que le médecin lui impose le repos le plus complet dans les jours qui suivent. Il poursuivra sa carrière professionnelle. Mais un autre drame, 8 ans plus tard, le frappera, quand le jour de Noël son épouse meurt subitement.

Devant l'ampleur et la gravité de la situation, le garde barrière : Pierre DUCLOS, proche de la retraite, est emprisonné puis incarcéré à Montbrison. Il passera en jugement en avril 1921. Une peine de 3 ans de prison -avec sursis- et une amende de 300 francs lui sont infligées compte tenu des nombreuses infractions et négligences retenues.

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Généralement, ces accidents collectifs sont dus à URANUS dans son approche en contact à MARS ou lors de ses aspects négatifs (opposition ou carré).  MARS est représentatif de la vitesse (ici 100 km/h) et URANUS c'est avant tout la communauté, le groupe, ce qui pourrait correspondre au groupe de jeunes conscrits. 

Ce 8 février 1921 - jour de Nouvelle Lune- comment étaient les planètes ? 


URANUS est en conjonction de MERCURE (les adolescents, le mouvement, commerce,...)
Quant à MARS, il est en opposition de SATURNE (l'obstacle, le bloc, la montagne, le froid, l'autorité, la Loi, ...)

La question c'est : Pourquoi tous ? Pourquoi et comment cela se fait-il ? Y-a-t-il un point commun entre tous ces jeunes gens ?

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Dans un prochain article, -sans doute un peu long-, on reprendra les thèmes de ces jeunes gens dont la vie fut trop courte, pour cette date du  8 février 1921.

Bonne Lecture,

Évelyne LUCAS