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mardi 16 juin 2020

L'attaque du Courrier de Lyons-la-Forêt

BONJOUR,


Été 1902....nuit du 30 juin à Lyons-la-Forêt dans l'EURE.


La voiture du courrier tirée par deux chevaux transporte occasionnellement des voyageurs. Cette nuit-là, le jeune Arnoud BOURGEOIS, 24 ans, conduit sa diligence vers le Pont-de-l'Arche ; il se rend à la gare où il déposera les sacs que le train prendra en charge.  
Sur le bord du chemin, un grand gaillard barbu lui fait un signe. Il stoppe son attelage ; l'homme se dit pressé, même en retard pour prendre son train. Arnoud est un gentil garçon, il accepte aussitôt. L'homme grimpe à son côté et se met à discuter.




L'homme en question est un père de famille de 37 ans : Émile BERTIN ; il est originaire de Rétonval en Seine Inférieure. Il est né sous le signe du VERSEAU, le 9 février 1865, à 17 H.

Marié en 1887 à Louise PORQUET, couturière, ils ont ensemble 3 enfants ; grand (1,79m), costaud, c'est un travailleur acharné ; il est courageux et donne satisfaction. Il a été garçon d'écurie, a travaillé au Service des Postes et il a fait l'acquisition d'un fonds de commerce à Gournay-en-Bray pour 4 200 frcs mais ne dispose actuellement que d'un peu plus de la moitié. Il faut qu'il trouve le reste rapidement. Son problème est qu'il  dépense beaucoup, (VERSEAU) qu'il est un tantinet joueur.(JUPITER en Maison 5 au carré de VÉNUS)

Alors, il a mis au point ce stratagème. La Poste fait circuler la nuit des courriers de valeur, des fonds, des paquets plus précieux....Il y a de fortes chances qu'il y trouve la somme nécessaire pour régler ses affaires.

Il suffira de se débarrasser du cocher. 

Ce soir-là, il a mis son plan au point. Il a caché sa bicyclette, mis un postiche (barbe) et au passage du courrier, il a hélé le conducteur, s'est installé auprès de lui, engagé la conversation et d'un geste brusque a frappé le jeune homme en plein visage. 
Déséquilibré, Arnoud BOURGEOIS a lâché les rênes ; un second coup l'a projeté sur la croupe d'un des chevaux d'où il est tombé en sang, sur le sol, évitant de peu les roues de la carriole. 

Émile BERTIN arrête bientôt les chevaux, passe au fond de la carriole ; par le trou qu'il a fait à l'aide de son couteau dans la toile, il surveille les alentours tout en s'emparant des sacs de courrier.
SATURNE 1°SCORPION  Un homme blessé est allongé aux pieds d'un guerrier armé non loin d'un coffre rempli de joyaux.
Puis il donne un coup de fouet sur la croupe du cheval de droite et l'attelage repart tiré par les chevaux qui connaissent parfaitement leur chemin.
C'est ainsi qu'ils arriveront seuls à la gare. 
L'employé responsable de la réception s'en inquiétera immédiatement.
La voiture est quasiment vide, il ne reste que les sacs de dépêches à expédier.
Le conducteur est absent et on peut remarquer des traces de sang sur les roues du véhicule.
C'est anormal. L'alerte est donnée.

Pendant ce temps, Émile BERTIN, installé dans un champ à l'écart de la route, avec pour toute lumière la boîte d'allumettes qu'il a emporté avec lui, tente de trouver à l'intérieur des sacs, des biens de valeurs, de l'argent. Et c'est le cas...! il le savait que les nuits de la Poste sont riches....!

Mais à Lyons-la-Forêt, on est réactif....Le bistrotier et l'hôtelier ont pris en main les recherches. Ils ont réveillé un garde particulier assermenté et fusil en main ont parcouru le chemin de la diligence. Ils ont bien remarqué sur le chemin les ornières couchées et supposent que l'attaque a eu lieu dans le coin.....C'est là qu'ils aperçoivent un homme de grande stature...Le cabaretier reconnaît l'homme et l'interpelle.

BERTIN qui les a rejoint, comprend vite qu'il est repéré. "L'affaire est cuite" !  Soudain, il sort de son veston un revolver qu'il pointe sur sa tête : il tire deux fois....mais sa caboche est dure. Alors, il sort de sa poche un couteau et s'en assène deux coups dans le thorax. Il saigne abondamment. Les deux hommes ont bien tenté de l'arrêter mais l'homme est vigoureux. Ils finissent par le maîtriser et trouvent sur lui des bijoux et des objets de valeur. 

Mais alors qu'est devenu Arnoud BOURGEOIS ?  

Le jeune homme ensanglanté après s'être difficilement relevé, a pris la route en direction de Pitres, la bourgade la plus près quand on est à pied...Mais contre toute attente, les personnes auxquelles il s'adresse "l'envoient promener". 
Il trouvera bientôt une âme charitable qui l'accompagne jusque chez le maire...et là encore, surprise, M. le maire, voyant la nuit tombée, refuse de faire quoi que ce soit.
Il aura plus de chance auprès de M. RENAULT qui accepte de le reconduire à Pont-de-l'Arche où ils rencontrent les commerçants et le garde particulier en compagnie des gendarmes.

L'agresseur est arrêté et dirigé vers LOUVIERS où des soins lui sont prodigués, avant de rejoindre la Prison.
(Opposition JUPITER-URANUS : Le souci d'indépendance nuit financièrement ou entraîne des problèmes juridiques.)

La convalescence de l'agressé sera longue : deux mois de soins. 
Il reprendra son activité mais en tant que conducteur d'omnibus...moins risqué. 
Il sera présent au procès qui se tiendra le 22 Octobre, soit presque 4 mois plus tard. 


Émile BERTIN risque gros pour cette attaque avec préméditation, le vol d'objets précieux, les blessures infligées au jeune conducteur qui lui ont laissé des séquelles.
JUPITER 22° SAGITTAIRE ...2 hommes se jettent l'un sur l'autre, armés de poignards ....derrière eux s'étale le Livre de la Loi avec balance et gibet. 
Son casier judiciaire est vierge et son avocat le fera remarquer. 
Ses derniers patrons viendront plaider en sa faveur. Ils en feront un portrait élogieux. 
Émile BERTIN a honte de ce qu'il a fait et ne manque pas de le répéter au Juge qui l'interroge. Il se repent sincèrement, il a honte pour sa famille, ses enfants qu'il laisse dans le désarroi. 

La condamnation est tombée. Travaux Forcés....il s'évite la perpétuité, il s'évite la relégation aussi. 
Il devra faire 8 ans....au bagne de GUYANE.   
Embarqué sur la LOIRE près d'un an après les faits, sa conduite sera irréprochable.....durant la seule année qu'il vivra là-bas. 
Le 13 juillet 1904 son décès est enregistré.

Son épouse a quitté la région où désormais elle ne peut plus vivre avec ses enfants. 
Dans la capitale, son nom, pour elle comme pour ses petits, devrait être moins lourd à porter.

Bonne lecture,

isalucy23@orange.fr