mercredi 3 juin 2020

Jean KINCK et sa famille

BONJOUR,

L'Alsace compte aussi des histoires bien singulières....
Mais celle-ci avait eu pour nom : le massacre de PANTIN  


Tout commence en ALSACE pourtant ; Jean KINCK est de GUEBWILLER où il est né en 1826, sous le signe du BÉLIER.

Il a épousé, en 1852, à TOURCOING, une fille du NORD : Hortense ROUSSEL.

Le couple s'installe à ROUBAIX, après la naissance de leur premier enfant : Gustave, l'année suivante.
Suivront quatre autres garçons :  Émile, Henri, Achille, Alfred,...

Jean KINCK et Hortense
avec leurs 3 premiers enfants : Gustave, Émile, Henri.


le petit Hector ne vivra que quelques semaines...
Enfin, viendra une petite fille : Marie.
et de nouveau, en 1869, Hortense est enceinte....



Jean KINCK est tourneur en fer puis progresse et devient assez vite mécanicien. Sérieux dans son travail, il passe chef d'atelier puis devient son propre patron au sein d'une entreprise de brosses pour métier à tisser. Un statut social qui lui convient parfaitement, tant il apprécie l'argent.Il est d'ailleurs propriétaire de plusieurs maisons.
Il a fait connaissance, durant  l'année 1868, d'un jeune homme d'à peine 19 ans,  un jeune compatriote puisque Jean Baptiste TROPPMANN vient lui aussi du Haut Rhin, de Brunstatt, plus précisément.

Le père du jeune homme est un "inventeur" ;  un inventeur qui picole un peu trop....Cependant,  ingénieux, il a déjà déposé quelques brevets visant à l'amélioration du matériel de filature. Ses affaires ne vont pas au mieux.

C'est à sa demande que Jean Baptiste est parti dans la région du Nord pour l'installation de machines et leur réparation. Il est le benjamin des 5 enfants de la famille TROPPMANN ; il est aussi le plus gâté par sa mère malgré son côté vigoureux voire turbulent et ses violences....notamment envers ses frères aînés.Tout particulièrement contre Edmond. Sans être athlétique, il dispose d'une grande force.


acte de naissance de Jean Baptiste TROPPMANN
né le 5 Octobre 1849 à 23 h à Brunstatt (68) Haut-Rhin

Jean Baptiste TROPPMANN est né sous le signe de la BALANCE ; il est, lui aussi, particulièrement  attiré par l'argent...mais sans trop d'efforts ; il souhaite réussir plus vite que son compatriote ; ce dernier espère s'enrichir suffisamment pour revenir dans sa région d'origine, profiter de sa retraite. TROPPMANN dont l'imaginaire déborde...est persuadé pouvoir s'enrichir en Amérique avec l'exploitation des brevets de son père.....Mais pour cela, il a besoin d'argent.





Toujours est-il qu'en Août 1869, sur cette base là, un départ vers le Haut-Rhin est prévu. Le jeune homme parti en avant, attendra Jean KINCK et lui permettra la négociation d'un bien immobilier. Jean KINCK viendra le 24 Août, avec une somme suffisante pour faire une acquisition. Il en profitera pour assister au mariage de sa soeur Catherine à qui il a écrit, l'avertissant de son déplacement dans la région.

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Comment leur est venu ce projet ? ....Difficile à justifier.
Était-il bien question de cela ? Ne s'agissait-il- pas plutôt de fausse monnaie ? de trafic d'argent ?

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Ce 24 Août 1869, les deux hommes qui se sont donné rendez-vous, se rejoignent.
Jean KINCK arrivé chargé, laisse deux valises et un carton à chapeau au bureau des diligences et part déjeuner dans une auberge de SOULTZ.

Dans les jours qui suivent, Hortense KINCK reçoit un télégramme la priant de lui expédier un mandat de 5 000 francs. Ce qu'elle fait. Le mandat arrive à la poste de Guebwiller mais ne sera jamais encaissé ; le guichetier estimant que la personne qui se présente étant trop jeune au vu des papiers présentés refusera de délivrer la somme.
Une nouvelle lettre lui parvient, écrite sous la dictée de son époux qui se serait blessé à la main, on la prie d'envoyer son aîné récupérer l'argent à Guebwiller -contrée de la famille-.
Pour la convaincre plus aisément, on la motive : déjà un demi million de francs de gagné.
Devant une telle aubaine, elle s'exécute et Gustave KINCK prend à son tour la route, le 5 septembre, pour le Haut Rhin. Seulement Gustave n'a aucune procuration pour se faire payer les chèques de son père. Dix jours plus tard, il s'en retournera à PARIS où son père est sensé être, aux dires de TROPPMANN.

Le 17 Septembre, c'est toute la famille KINCK qui est dans la capitale. TROPPMANN les attend à bord d'un véhicule de louage. Le cocher les conduira en soirée du côté de PANTIN.


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Le 21 Septembre, Jean Louis Auguste LANGLOIS, cultivateur, s'en vient bêcher son champ proche des 4 chemins, au chemin Vert...Il a traversé pour cela le champ voisin et une particularité l'a interloqué. Il s'agit d'un monticule de terre fraîchement remué ainsi qu'une espèce de tranchée ou fossé....La curiosité étant plus forte que la peur, il s'en va donner un coup de bêche dans le tas de terre et en ressort une étoffe maculée de ce qu'il pense être du sang. Lâchant son outil, c'est à mains nues qu'il remue encore la terre  et c'est un bras qui apparaît...puis une tête...une tête d'enfant.
C'en est trop pour l'agriculteur qui court avertir les forces de Loi....
Bientôt, le commissaire et le médecin légiste sont là et c'est une bien triste découverte qu'ils vont faire. Six corps vont être exhumés.
Qui sont ces victimes ?
Les étiquettes de leurs vêtements fourniront des indices précieux aux enquêteurs qui opèrent déjà en véritables fourmis du renseignement. Il s'agit de la famille KINCK.

Le 20 septembre 1868  6 corps sont découverts aux 4 chemins
Hortense ROUSSEL-KINCK et 5 de ses enfants.
Achille,(7 ans 1/2) Henri,(10 ans) Émile,(13 ans) Marie (2 ans), Alfred (5 ans 1/2) avec leur mère enceinte de six mois ...Ont-ils été tués par leur père ? 
Ce dernier est introuvable et leur frère aîné, Gustave également. Seraient-ils les assassins ?




Les prospections du terrain s'étendent et le 26 Septembre, un rebondissement dans cette affaire intervient. Un nouveau corps est retrouvé, dans une fosse voisine. Un jeune garçon dont la face écrasée ne permet pas l'identification formelle. Sa mort  due à ses nombreuses blessures remonte à 8 ou 10 jours. 
Les policiers sont persuadés qu'il s'agit de Gustave, l'aîné de la famille.   
Mais alors... où est le père ?

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Les moyens de la Police sont limités encore à cette époque...pas d'informatique, de portables....Et cependant, l'enquête avance assez vite puisque dès le lendemain de l'affaire, ils savent que celui qui accompagnait la famille déposée par un cocher dans la soirée, était jeune. Un signalement (ou portrait-robot) a été fait. 
Ils savent également que l'individu qui s'est présenté à la poste pour faire un retrait de 5 000 frcs avait tout au plus une vingtaine d'années. Ils apprennent que les valises et carton à chapeau de M.KINCK sont toujours à la consigne. En Alsace aussi on s'active.
On recherche donc un jeune homme....

Le mobile serait-il l'argent ?

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L'affaire à l'époque fait grand bruit ; le nombre des victimes, leur âge, les blessures subies, ont fait de ces meurtres des cas d'école pour les docteurs chargés des autopsies.
On peut ainsi lire dans les annales d'hygiène publique et de médecine légale (série 2 N° 33) les détails des blessures portées aux victimes ainsi que les conclusions des médecins.
(https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=page&cote=90141x1870x33&p=181)



La mère de famille était enceinte de 6 mois, une seconde fille allait faire leur bonheur. Assommée par derrière à l'aide d'une pioche, elle a reçu de surcroît une trentaine de blessures sanglantes sur tout le corps. Elle est déclarée morte le 19 septembre 1869. On détermine qu'elle et deux de ses plus jeunes enfants (Marie et Alfred) ont été tués dans un premier temps, tout aussi violemment. On a pu déterminer qu'Alfred avait tenté de se défendre et avait infligé des griffures à son agresseur qui lui a ouvert la gorge.
L'assassin présumé serait retourné dans le fiacre, comme a pu en justifier le cocher, une vingtaine de minutes plus tard, rechercher Émile, Henri et Achille, à qui il a réservé un sort semblable et tout aussi violent.

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Dans les ports, dans les gares, les gendarmes sont aux aguets et le comportement particulier d'un prétendant au départ du HAVRE pour l'AMÉRIQUE  rend curieux le gendarme FERRAND chargé de surveiller d'éventuels resquilleurs.
Se sentant "serré", Jean Baptiste TROPPMANN s'enfuit à travers le port et va se jeter à l'eau. Remonté sur les berges grâce au concours d'un calfat, il est fouillé et l'on retrouve sur lui les papiers et la montre en or volés à Jean KINCK.




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L'enquête a fait un nouveau pas.... malgré les mensonges et dénégations de TROPPMANN qui se laisse passer pour un co-auteur, mais qui ignore que la Police détient une correspondance de Jean KINCK faite à sa famille, avant son départ pour l'Alsace.

Il faudra cependant attendre le 12 Novembre pour que le jeune homme délivre aux policiers une partie de l'histoire qui permettra de retrouver le corps de Jean KINCK dans les ruines d'Herrenfluch, en bordure de la Route des Crêtes, le 25 Novembre 1869.

Ruines du château d'Herrenfluch
MERCURE de TROPPMANN  7° SCORPION : Dans un petit champ dont il retourne la terre, un Homme est debout, le pied sur sa bêche, faisant miroiter au soleil un joyau qu'il vient de découvrir...
URANUS BELIER : ...un être mal bâti, aux cheveux fous, monté sur un bélier, qui s'efforce de le jeter à terre. (on notera que Jean KINCK détient un stellium en BELIER incluant le Soleil)


Jean Baptiste TROPPMANN déclarera avoir empoisonné Jean KINCK  en incorporant dans du vin une dose d'acide prussique. Il ne trouvera sur l'homme qu'une somme de 212 francs, une montre, quelques papiers, deux chèques qu'il tentera de se faire payer....sans succès.

Son compte est bon....Le tribunal devant lequel il est jugé le 28 Décembre de la même année est plein à craquer. Deux jours ont suffi à statuer sur son sort.
Le 31 Décembre 1869, il rejoint la Prison des Baumettes.
Son pourvoi en cassation est rejeté....tout comme son recours en grâce.
Le 19 janvier 1870, on se bouscule tout autant pour assister à sa décapitation. La fête a battu son plein toute la nuit devant la Petite Roquette.
TROPPMANN est "déchaîné", il lutte contre ses gardiens, fait sauter les sangles, il faut qu'on lui maintienne la tête pour que le bourreau puisse faire son oeuvre. TROPPMANN en profitera pour lui mordre très sévèrement le pouce avant que la tête ne roule dans le panier.


Une bien sale histoire....

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Concernant les transits du 19 septembre 1869, on remarquera sur le thème de la mère : Hortense, qu'elle vit un transit en Bélier de NEPTUNE(r) (18°45) au carré de NEPTUNE natal (15°01) .
On note ce même jour : une opposition d'URANUS (21°21) au M.C. (20°47)
SATURNE (11°34) en SAGITTAIRE est au carré de la LUNE natale (10°14)VIERGE. 
Il est en opposition de VÉNUS Natale (11°08)GÉMEAUX et au demi-carré d'URANUS Natal.
PLUTON et JUPITER en conjonction sont à l'ASC.



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Le thème de J.B. TROPPMANN ne présente aucune carence d'aucune sorte dans les éléments. On note l'opposition du N.N à NEPTUNE et bien entendu l'aspect d'une époque : PLUTON-URANUS en conjonction. 
Les transits du 19 septembre 1869 font apparaître le carré de SATURNE du jour (11°34) SAGITTAIRE à JUPITER Natal (11°45) VIERGE.
MARS -du jour (9°54) qui est en demi-carré du SOLEIL- a transité MERCURE Natal (7°24) et donc sextile à la conjonction natale VÉNUS-JUPITER.

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Le 19 janvier 1870, jour de son exécution a beaucoup plus marqué son thème....Observons les aspects

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isalucy23@orange.fr

6 commentaires:

  1. Mon Dieu quelle tragédie !!!! La famille au complet assassinée avec une violenc e inouie.... D'autant que les jeunes enfants n'ont guère dû se défendre .... Un sale bonhomme ce Tropmann !!!!!!

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  2. J'aime beaucoup l'histoire de tous ces gens que vous publiez. Hélas elles sont souvent très tristes. Celle là particulièrement.

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  3. Ce TROPPMANN (né pourtant sous le signe de la BALANCE, un signe plutôt "gentil") s'était révélé un enfant difficile, benjamin de la fratrie, ses aînés avaient pâti de sa brutalité....L'un d'eux après le procès a changé de nom de famille. On comprend pourquoi.

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  4. La nature humaine est complexe. Malgré la même éducation pour des frères et soeurs parfois le résultat est opposé au but escompté. C'est difficile et malheureux à dire mais les personnes irrécupérables pour la société cela existe. D'autant que cette famille avait une ''chance'' sur 1 million pour le rencontrer.

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  5. Pardon mais je souhaite vous poser une question, votre approche et votre analyse de l'astrologie est ''à part'' et originale, elle me rappelle celle de Sylvie Tribut astrologue que je suivais et qui est décédée voilà 1 an ou 2 environ. Mais peut-être l4 hasard tout simplement. 😁😁😁

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    1. C'est le hasard -une part d'astrologie et une part d'Histoire-... et si ce blog vous convient, j'en suis ravie. Certains y verront l'occasion de travailler sur les transits, d'autres sur l'astrologie familiale, d'autres encore sur les aspects et positions de planètes. S'interroger sur le Pourquoi ? ou Comment ? Comment en arrive-t-on là...

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