mardi 27 août 2019

QUÉMÉNER Pierre Marie

BONJOUR,

Le grand disparu de l'Affaire SEZNEC est bien Pierre Marie QUÉMÉNER  
Il est né à Commana dans le Finistère, le 19 Août 1877 à 5 h du matin dans une famille fort nombreuse (7 soeurs, 2 frères) et recomposée (1demi-soeur et 2 demi-frères) mais dont certains des enfants mourront jeunes.


LION Ascendant LION,  Pierre Marie QUÉMÉNER dispose d'URANUS  à l'ASC au carré de PLUTON, en Maison 10. Et le Maître de 10, bien que conjoint à MERCURE, est également en opposition de la conjonction MARS-SATURNE.

Les éléments du thème sont dénombrés ainsi :

TERRE : MC + 5
FEU : ASC + 3
EAU : 2
AIR : 0 soit une carence en AIR





Notre LION aux yeux clairs est décrit comme rondouillard, le crâne légèrement dégarni, la moustache bien lissée et de petite taille....il fait 1 m 57 comme l'indique sa fiche militaire.



Il avait dix ans, en 1887, quand sa mère, âgée de 38 ans, décède en laissant derrière elle, 10 gamins dont la dernière n'a pas un an.
En 1897, il répond à ses obligations militaires et est exempté.
Une de ses soeurs aînées vient de mourir à 24 ans : Marie Angèle. 
En 1903, quand son père décède, il n'a guère envie de poursuivre le travail agricole dans la modeste exploitation que leur laissent leurs parents. 
Il réussit à convaincre 4 de ses frères et soeurs de la mettre en vente afin d'acquérir un commerce à Saint Sauveur -commune de leurs grands parents maternels-. C'est ainsi que bientôt, Pierre et Jean François Louis sont devenus associés - négociants en vins  et que Jeanne (Jenny) et Marie Rose sont, elles :  ménagères du café-épicerie de St Sauveur.
Il s'aventure sur les marchés, les foires et se fait remarquer de la maréchaussée.
Deux autres des aînées décèdent à 3 ans d'intervalle, Marie Jeanne, en 1909, à Morlaix et Marie Louise en 1912.
À la fin de la 1ère Guerre mondiale à laquelle il a participé dans les services auxiliaires et lors de la campagne contre l'Allemagne, il recevra une médaille commémorative, la médaille de la Victoire.


Professionnellement, il semble exceller dans le rôle d'entremetteur, le maillon indispensable pour assurer une vente...quelle que soit cette vente d'ailleurs. (veaux, alcool, charbon de bois...)
Il a utilisé la période de la guerre pour se renflouer ; la vente de bois il en faisait son affaire...quitte à avoir recours à un ordre de réquisition. 

À la fin de la guerre, il s'offre un manoir à Landerneau : KerAbri, où il vit en compagnie de sa soeur Jenny, de son frère Jean François Louis et d'une domestique- 
Il fait l'acquisition d'une seconde maison à Plourivo entourée de bois dont la coupe est confiée à Jean François Louis.

En 1919, il a des ambitions politiques au sein d'un parti démocrate populaire. Il devient conseiller général de Sizun. (commune jouxtant son lieu de naissance). Il est en terrain connu. Mais il vise plus haut....Député d'abord....

Sa plus jeune soeur, Marie Anne a épousé un clerc de notaire à St Sauveur en 1920. Il a prêté à son beau-frère : Jean POULIQUEN, une très grosse somme d'argent pour acheter l'étude de son patron à Pont L'Abbé. 

S'il est volubile, enjoué, toujours prêt à rendre service et doué en affaires, il n'en est pas de même avec les femmes semble-t-il. 

On peut lire le concernant : "Il était timide avec les femmes, il bégayait, rougissait et se rabattait sur les pensionnaires des maisons closes de la région......"

Une Carence en AIR peut entraîner des difficultés à communiquer, à se faire comprendre ; il peut y avoir une avalanche de mots, un débit trop rapide de la parole, un manque d'aisance possible. Cette difficulté à communiquer, ce manque de souplesse, peuvent faire de vous un(e) incompris(e).
Pour remédier à une carence en AIR, il pourrait être bon d'envisager de grandes balades en plein air, des exercices au grand air, et surtout des exercices respiratoires....
Parler, communiquer avec les autres pour ne pas se retrouver "enfermé(e) dans sa bulle"...

C'est à cette époque qu'il rencontre SEZNEC. Ce dernier était à la recherche de bois pour sa scierie à Morlaix. Il lui en a trouvé. Ils ont sympathisé. Toujours à la recherche de bonnes affaires à faire, ces deux là savent "se filer les bons tuyaux".

En octobre 1922, après l'opération de son épouse, SEZNEC a quelques difficultés de trésorerie et en fait part à QUÉMÉNER, osant même lui demander un prêt.
C'était sans problème....moyennant caution. !  Les affaires sont les affaires.
La Cadillac de SEZNEC servira de garantie.
Le trimestre échu, n'ayant pas remboursé, SEZNEC cède sa décapotable à l'affairiste.

Le mois suivant, Il apprend par une annonce que des parisiens rachètent des véhicules américains pour les revendre aux russes. Voilà l'occasion de s'enrichir encore une fois. Mais avec ses ambitions politiques, il ne peut s'en charger lui-même ; Quel scandale ce serait si l'on apprenait qu'il fricotait avec les Russes ; SEZNEC s'en chargera pour lui....d'abord en tant que boîte aux lettres ensuite pour trouver les véhicules et les restaurer. L'occasion pour SEZNEC de faire taire ses créanciers. 

Un certain CHERDY, américain, traite un premier accord avec QUÉMÉNER. Tout excité par le concept, il se rend à l'évidence que s'il dispose de biens, il n'a pas de liquidités.
De plus, si ses affaires vont bien il est néanmoins en procès contre Dehaegher, un courtier maritime.
Aussi, propose-t-il à SEZNEC de lui racheter sa maison de Plourivo.
En Avril 1923, les SEZNEC vont visiter la propriété. Mais Mme SEZNEC qui est souffrante et a besoin de soins, craint que PAIMPOL à 10 kms, ne fasse un peu loin....
QUÉMÉNER comme à l'accoutumée, cherche à enthousiasmer ses acheteurs ; il les invite à goûter les galettes et le cidre de PAIMPOL.
Il se fait de plus en plus pressant. Il a besoin de ces liquidités pour pouvoir négocier ses premières ventes de voitures. Marie Jeanne SEZNEC consentira finalement a se délester de ses dollars américains si bien conservés après la guerre dans l'espoir qu'ils prennent de la valeur. (65 000 frcs).

Fin Mai, Pierre Marie QUÉMÉNER marie sa filleule et il compte bien rencontrer plusieurs personnes utiles à sa carrière politique, lors de cette fête.

Le 22 Mai 1923,  à Landerneau où Pierre QUÉMÉNER  a pris le temps de  rencontrer M. le Maire, ils prennent la Direction de Brest à bord de sa Panhard. Il a rendez vous à la Banque pour un prêt. Il ira seul à ce rendez-vous et retrouvera SEZNEC plus tard, à l'hôtel des Voyageurs  où ils signent l'accord amiable de vente de la maison après que SEZNEC lui ait remis 4 040 dollars ;  La banque ne lui ayant accordé que 10 000 Frcs sur son prêt, il est particulièrement énervé.
En fin de matinée, il va devoir solliciter son beau-frère (le notaire) et lui réclamer le remboursement des sommes avancées. 
Il l'appelle, ce dernier lui confirme l'envoi d'un chèque barré payable à la Banque de France d'une partie de la somme demandée, (60 000 frcs sur les 150 000 demandés) en poste restante à Paris.
Il va déjeuner en compagnie de SEZNEC avant de reprendre la route vers Lesneven où il compte bien déposer une option d'achat sur un véhicule américain.
Il fait affaire avec un meunier après avoir négocié le prix et les modalités d'achat. 
Les deux hommes repartent, font une nouvelle pause à St Éloy puis dînent à KerAbri, chez lui ; SEZNEC, comme prévu, récupère sa Cadillac au garage Jestin, cousin de QUÉMÉNER, qui lui fait le plein et lui fournit des chambres à air neuves de rechange ; SEZNEC repart en direction de chez lui, à Morlaix...   mais à l'entrée de Landivisiau, c'est la crevaison. Pour lui, la nuit va être courte !

Le 23 Mai, QUÉMÉNER lui téléphone pour confirmer le départ pour la capitale, tôt le lendemain.

Le jeudi 24 Mai, ils se retrouveront à Rennes, à 14 h 30, près de la gare.
17 h , SEZNEC n'est toujours pas là. 
En appelant la scierie, QUÉMÉNER apprend, de son épouse, qu'il a bien pris la route mais avec du retard du fait de plusieurs crevaisons.
Il l'attendra jusqu'à 19 h, ils iront dîner ensemble ; il appellera son beau-frère pour faire modifier l'envoi du chèque -non-barré- à l'ordre de la Sté Générale désormais, en poste restante, sous pli recommandé, avant de se rendre au cabaret : la Source puis de rentrer à l'Hôtel.

Le vendredi 25 Mai, à 4 h 30, QUÉMÉNER frappe à la porte de la chambre de SEZNEC pour lui intimer l'ordre de prendre la route.
Les deux comparses se dirigent vers Ernée à petite vitesse pour préserver le véhicule ; là,  ils prennent un petit déjeuner et font réserve de plusieurs bidons d'essence.
Cependant, QUÉMÉNER lassé de rouler à la vitesse d'un escargot, réclame le volant...80, 100
Le moteur vibre, claque, une explosion se fait entendre à l'arrière ; un pneu vient d'éclater.
Les deux hommes s'énervent, se font des reproches sur l'état du véhicule. 
SEZNEC fait la réparation. Mais 20 kilomètres plus loin, c'est une nouvelle crevaison.  
À midi, ils ne sont qu'à Alençon. À Mesle, une nouvelle panne les contraint à s'arrêter ; ils en profitent pour déjeuner. Une autre panne avant Mortagne. Tillières sur Avre, encore !  Nonancourt aussi !
À Dreux, QUÉMÉNER décide de se rendre chez un garagiste de sa connaissance : HODEY et avec son sourire enjôleur tente d'obtenir du mécanicien des merveilles avant l'heure de fermeture.
Ils prendront l'apéritif ensemble avant de repartir.
Il n'était plus qu'à 80 kms de la capitale mais déjà presque 20 h et un feu arrière a grillé.
Il a fallu trouver une lanterne chez un quincailler (à Houdan et non pas à Dreux comme SEZNEC en était persuadé) dîner à l'Hôtel du plat d'Étain 200 m plus loin,(selon les indications du quincaillier qui a reconnu le conducteur aux dents en or) passer un coup de téléphone, repartir dans la nuit....et puis là,  il aurait décidé de prendre le train, aurait conduit jusqu'à la gare par une rue pavée en pente donnant directement sur la Gare....

dans une première version, SEZNEC dit.....:
 mais les phares éclairant mal, il s'est trompé d 'entrée, débouchant sur la gare de marchandises, il heurte le montant d'une barrière avec le garde-boue. Il contourne la gare de marchandises et stoppe devant celle des voyageurs, se saisit de sa valise et de sa sacoche et se dirige vers l'entrée des voyageurs......

L'express en direction de Paris partait à 21 h 56 de Dreux.
  
Les versions varient, divergent.....

SEZNEC fatigué, était alors le passager du véhicule et dormait "à moitié" ....il est lui-même éberlué, perplexe, lors de la reconstitution de constater que c'est bien à Houdan qu'ils ont dîné avant que QUÉMÉNER ne décide de prendre le train....et il se souvient de lui, lui disant : "je prends le train à Dreux"....
Seulement de Houdan, le dernier train pour Paris part à 20 h 15 et le suivant n'est qu'à 3 h 40 du matin. Les cafés de Houdan ferment à 23 h. Où QUÉMÉNER a-t-il passé la nuit ? 

Après que QUÉMÉNER l'ait quitté en direction de la gare, SEZNEC sort de la ville, passe le pont, en traversant la forêt, il est arrêté par une nouvelle panne au Km 52 (selon un des témoins). Dans le noir, impossible de réparer, il fait demi-tour et passe la nuit dans la voiture ; le lendemain, il est réveillé au petit matin par un cultivateur 5 kms après La Queue-les-Yvelines, la voiture tournée vers le sens du retour.....
Il passera la matinée du 26 Mai, dans l'atelier d'un garagiste à tenter de réparer le véhicule. C'est à ce moment là qu'il s'apercevra qu'il a perdu le cric.

Comment QUÉMÉNER qui conduisait le véhicule s'est-il rendu à PARIS ?

SEZNEC soutient que QUÉMÉNER a pris le train à Dreux -mais doit convenir qu'il s'est trompé, que c'est à Houdan qu'il l'aurait laissé alors que lui-même était exténué-. Il était convenu qu'ils se retrouvent à l'Hôtel de Normandie près de la gare St Lazare mais que si le véhicule tombait de nouveau en panne, il devrait rentrer en Bretagne la faire réparer.

Plusieurs personnes témoignent cependant avoir vu QUÉMÉNER à PARIS, 

Le maire de Landerneau confirmera plus tard, le rendez-vous prévu dans la capitale ainsi que les disponibilités financières dont il disposait, l'arrangement avec SEZNEC chargé de trouver les véhicules et la durée moyenne de quelques jours de son séjour prévu à Paris afin de faire aboutir les négociations.
Il fera également remarqué à la police que depuis un certain temps QUÉMÉNER avait un comportement "drôle".

L'adresse laissée par SCHERDLY ou CHERDY avec qui il avait rendez-vous, au 6 Bd Malesherbes est en fait l'adresse d'un bureau de Poste.
Le bureau de poste où il est censé recevoir le chèque de son beau frère, et où quelqu'un est bien venu réclamer le courrier recommandé, par deux fois, dans la journée du 26 mai ; seulement la lettre n'était pas arrivée et le personnel n'est pas en mesure de dire à quoi ressemblait l'homme.
On parlera également de la date du 2 juin.
Cependant, Gherdi Boudjema dit "Francis" existe bien ; il n'est pas américain.

Au 16 de ce même boulevard, réside un sujet américain : Ernest ACKERMAN qui ne connaît pas QUÉMÉNER mais qui se souvient avoir rencontré SEZNEC à Brest durant la guerre. Il a connaissance également de la vente de Cadillac mais ne s'en occupe plus depuis des mois déjà.

On a vu "le Disparu" à RENNES plus tard, au HAVRE les jours suivants.
Mais là, rien n'est moins sûr.

Sa famille n'aura plus de nouvelles après le dernier appel téléphonique à POULIQUEN et s'en inquiétera vers le 4 juin, en rendant visite à celui qui était son dernier compagnon de route : SEZNEC.

3 jours auparavant, soit le 1er Juin, SEZNEC s'est rendu à PARIS pour son affaire de diffamation. Là-bas, il prétend s'être rendu à l'Hôtel où QUÉMÉNER était censé être descendu. Personne ne l'y avait vu. Et on ne se souviendra pas non plus du passage de SEZNEC venu s'enquérir. 
Il soutient que le 2 Juin, il avait quitté la capitale et ne s'est pas présenté dans un bureau de poste.

Le 13 juin, dans l'après-midi, un télégramme parvient à Jenny ; 
son frère, "le Disparu", la rassure, lui disant qu'il est au Havre et qu'il rentrera dans quelques jours.
Le 14 Juin, un bateau partira du Havre vers l'Amérique.

Le 12 juin, SEZNEC arrive à Plouaret, vers 19 h ; il est en panne avec sa camionnette et la fermière, Mme JACOB accepte qu'il la laisse dans son pré.
SEZNEC prend le temps de s'arrêter dans un café et charge Melle NICOLAS, la fille des patrons, de transmettre un message à son épouse dont il lui donne le contenu ; il en paie les frais ; la poste étant fermée, le message ne part que le lendemain matin...le 13.
Ce même 13 juin, à 10 h du matin, le télégramme envoyé à Marie Jeanne SEZNEC par son mari, dit ceci : "en panne à 10 kms de Lannion. Ne rentrerai que demain matin" 
On est bien loin du HAVRE !
Là, où l'on veut que SEZNEC ait été présent ce fameux jour de l'envoi du télégramme à Jenny.

Les services des Chemins de Fer confirmeront qu'aucun billet n'a été vendu en direction A.R Plouaret vers PARIS (seule ligne de train permettant de se rendre au Havre) ;
A.R. bien entendu, car le 14, SEZNEC était bien à Plouaret au petit matin (7 h 30) pour récupérer son véhicule.

Le doute cependant persiste dans l'esprit de POULIQUEN qui persuade le reste de la famille de déposer plainte afin que des recherches soient effectuées.
Au Havre, on n'a pas connaissance de la présence de QUÉMÉNER et cependant, quelques jours plus tard, le 22 juin, un courrier est arrivé à l'intention de QUÉMÉNER à son domicile, pour l'informer que sa valise trouvée le 20 juin, vers 22 h 40, à la gare du Havre est à sa disposition à la consigne.

Le 25 juin, la valise est saisie par la Justice. La serrure a été crochetée. Elle porte des traces de boue. Son carnet de dépenses est présent et atteste d'une certaine activité jusqu'au 13 juin. L'ensemble des objets donne l'impression d'avoir séjourné dans l'eau et le sable. Parmi, on retrouvera tous ses papiers d'identité, son portefeuille vide et la promesse de vente de SEZNEC pour la maison de Plourivo.
Sa serviette noire n'est pas là.

Ainsi débute l'Affaire SEZNEC qui sera déclaré coupable de l'avoir fait disparaître sans que l'on sache où est passé le corps, quand et pourquoi, il aurait tué cet homme avec qui il est lié d'amitié depuis 3 ans, célibataire, sans héritier, qui n'avait pas fait enregistrer les actes de vente de la maison de Plourivo et qui était parti avec le pactole des dollars américains.



thème de naissance à gauche, quelques aspects dénombrés
thème de décès supposé à droite, aspects du jour (entre le 8 et 13 juin 1923)



Bonne étude,

Évelyne LUCAS





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