Marie Françoise HUE sur l'île aux Pins

BONJOUR,

On a déjà évoqué le cas de cette jeune femme dans l'Histoire singulière consacrée à son époux

Marie Françoise HUE revenue chez son père en Mai 1883 suite au décès de son dernier employeur à LAVAL, est enceinte.
C'est la deuxième fois qu'elle va donner naissance à un enfant.

La première fois, c'était deux ans plus tôt, alors qu'elle était en service à COURSEULLES.

Aussitôt après l'accouchement, elle avait placé l'enfant en nourrice et avait reçu une aide financière conséquente de la part du père ; mais l'enfant n'avait vécu que quelques semaines et elle avait reçu un courrier du maire de MARTIGNÉ l'avisant du décès du nourrisson.

Chez son père, elle a évité de trop se montrer afin que l'on ne jase pas sur son compte.
Elle ne lui a pas parlé de sa "situation"...mais les voisines, elles, se sont montrées moins délicates.

Son ventre arrondi bien mal camouflé    puis sa soudaine pâleur en Juillet   et ses formes subitement revenues après une soi-disant jaunisse ont intrigué....au point qu'un "corbeau" s'est chargé d'avertir le Maréchal des Logis.

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Écrit sur papier quadrillé de petit format, le texte dit :

Mesieur le Marichalle de logie
je méfait un devoire de vous prevenire quille nia
une Denmoisselle nommée Marie HUÉE (raturé) HUS délabaille
depuis longtemps de quiter sa maison
elle éter pauvre à voire une enfant maintenent s'est bien disparu
elle ne craint plus de se faire voire
oncrois bien que sets le furé qua fait la sage femme
Vénilye sille vouse plait.

Les gendarmes prirent l'affaire très au sérieux et menèrent leur enquête.

Marie Françoise HUE convoquée pour un interrogatoire, nie les faits

mais pressée de toutes part, elle s'effondre et avoue

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Aspect MERCURE carré à PLUTON, le méfait et 
Aspect MERCURE carré à SATURNE, la sanction

Déclaration du 8 Août 1883 de Marie Françoise HUE

J'étais au service à LAVAL chez M. COURCHENOUS rentier
j'ai quitté mon service le lundi 25 mai ; j'étais en état de grossesse
je suis rentrée le même jour chez mon père je ne suis pas sortie ou presque pas pendant que j'étais chez mon père jusqu'au jour où ma délivrance qui a eu lieu du mercredi au jeudi 18 au 19 juillet 
je suis accouchée pendant la nuit  je fus prise des douleurs d'enfantement dans la soirée vers 6 h
mon père qui couche dans la même chambre que moi
nos deux lits sont tête à tête
n'a pas eu connaissance de mon accouchement
j'ai gardé mon enfant sur mes genoux jusqu'à 6 heures du matin, heure à laquelle je me suis levée. 
J'ai enveloppé l'enfant dans une serviette et je suis allée le déposer dans une malle qui était dans le cellier. 
Le dimanche 22 juillet dans l'après-midi j'ai fait un trou dans notre jardin avec une bêche qui appartient à mon père ; puis je l'ai recouvert de terre ; j'ai profité de l'absence de mon père pour enterrer l'enfant.

Le procès s'ouvre en Assises en Novembre 1883 

Reconnue coupable d'avoir donné la mort par asphyxie à la petite fille qu'elle venait de mettre au monde, puis de l'avoir enterrée dans le jardin de son père, elle est condamnée à 5 ans de prison avec des circonstances atténuantes.

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En métropole, la Direction des colonies ayant besoin de femmes pour coloniser l'île, démarche les prisons pour susciter des volontaires.

En Ille et Vilaine, Marie Françoise HUE, célibataire de 31 ans, originaire de Dol de Bretagne, condamnée à 5 ans de prison pour Infanticide, accepte la proposition.

Hébergée dans un couvent à Bourail sur l'île des Pins parmi des religieuses, la pénitentiaire y apprend à devenir une "bonne épouse".
Le choix des maris revient aux religieuses qui veillent de près au bonheur des prétendants.

Gilbert MORDEFROY-DANVAL, pharmacien, est particulièrement bien noté et son niveau d'instruction est excellent.
Condamné pour l'empoisonnement de sa première épouse, il a toujours nié les faits et réclame toujours Justice.
Marie Françoise HUE a été bien appréciée de ses employeurs -dont l'un d'eux un rentier de 82 ans, peu avant son décès en 1883, lui fait un legs de 1000 frcs- aux dires du maire de la commune de LAVAL.

Le 28 janvier 1885 à Bourail, Gilbert MORDEFROY-DANVAL qui vient d'avoir 40 ans, épouse Marie Françoise HUE.

La jeune femme de 34 ans donne naissance avant noël de la même année, à un premier enfant :
Cécile née le 18 décembre

Un fils : Gustave naîtra trois ans plus tard suivi d'un troisième enfant : Eugène en 1890.

Condamnée à 5 ans de prison, elle passera une grande partie de sa vie en Nouvelle Calédonie ; sa réhabilitation n'interviendra qu'en février 1903.
Elle rentrera en métropole avec ses enfants.
L'un de ses fils : Gustave, perdra la vie, "Mort pour la France", durant la première guerre mondiale.


Bonne Lecture,

isalucy23@orange.fr