"Sept lieues à l'heure"

BONJOUR,

Le procès qui se tient en MAYENNE en janvier 1912 est celui d'un homme qu' on n'aimerait pas croiser au coin d'un bois  écrivait le journal l'Écho ;

Entre 1870 et 1939, en FRANCE, il y a eu 566 exécutions,
En MAYENNE, il sera le 3ème et le dernier, ce 29 mars 1912 à 5 h du matin.

Paul Théodore BOURGES a 26 ans. Il est né le 30 octobre 1885 à 18 h, à Ste Gemmes-le-Robert.

Sa mère : Augustine, 22 ans,  l'abandonnera peu après sa naissance. Il deviendra pupille de l'Assistance Publique et sera placé dans la famille LATOUCHE, à Madré. Il a 5 ans.

Paul Théodore BOURGES  est un adolescent bien bâti déjà mais son caractère n'est pas facile à dompter. À 13 ans, il quittera la famille LATOUCHE après une violente dispute avec la mère de famille. Il se cherchera une place ici ou là en tant que domestique de ferme. Du haut de son 1,68m, avec ses cheveux châtains clairs et ses yeux bleus, il n'a aucun mal à séduire les filles. Le galopin est devenu un coureur de filles. Et son passage laisse des traces.....il est "large" avec ses conquêtes. (JUPITER carré à VÉNUS)

L'une de ses conquêtes, Marie HUILLARD, devenue mère ne peut le retenir....il court déjà ailleurs. (MARS carré à NEPTUNE)

Même l'armée refuse de lui fournir un certificat de bonne conduite. (SATURNE carré URANUS)

Il faut dire que sur les 4 ans de son engagement volontaire dans l'Armée, il est passé deux fois par la case : prison. 

PLUTON en Maison 12 sur 2° GÉMEAUX ...un militaire traîne derrière lui 2 prisonniers...

En 1907, pour complicité de coups et blessures volontaires.....2 mois  (MARS carré à PLUTON)

En 1910, pour vol.....4 mois.  (MERCURE opposé à NEPTUNE)(MARS carré à NEPTUNE)

Et à peine retourné à la vie civile, un autre vol le ramène (5 octobre 1910) pour 6 autres mois dans une geôle.

Sorti au printemps 1911, il continue de vivre de ses larcins repérant les maisons les plus vulnérables. 

C'est ainsi que le 14 Novembre il entre chez Marie Madeleine BILLET, une vieille femme veuve pour la seconde fois depuis bientôt 3 ans. En son absence, il lui vole 7 francs. Le lendemain, il ose se présenter chez elle, quémander du travail. Il prend quelques outils au passage dans les appentis voisins.

thème de Mariette née le 15-12-1838 à 17 h - à Madré (53)

Les jours suivants il tente une nouvelle incursion au hameau du vieux-Chevaigné mais "Mariette"

 a renforcé la fermeture de sa porte. 

Qu'à cela ne tienne, il fera irruption par le grenier durant la nuit du jeudi 23 Novembre ! en attendant, il y grimpe et prépare l'ouverture qui lui permettra de pénétrer dans la maison. À l'heure qui lui semble bonne, il se glisse jusqu'au cellier, tend l'oreille ; la veuve se déchausse, se couche et s'endort.

C'est le moment choisi pour faire irruption dans la chambre et étrangler la vieille femme. Son forfait accompli, il prend le temps de fouiller les armoires, prend quelques effets, découvre une boîte contenant une somme rondelette (90 francs) mais aucun magot....pourtant si bien camouflé sous des betteraves.

Il repart par le même chemin et va finir la nuit dans une maison de passes à Flers et dans des cabarets à Domfront, dépenser son butin.

Ce n'est que six jours plus tard que des voisins étonnés de voir leur porte entre-baillée, la pièce principale en grand désordre, s'inquiètent bientôt de leur voisine  : Mariette BILLET qu'ils n'ont pas vue depuis quelques temps. 

La maison jumelle est fermée. Ayant prévenus les gendarmes, ceux-ci bientôt arrivés font le tour des bâtiments et finissent par forcer la porte de la grande bâtisse de leur voisine. Une odeur épouvantable se dégage des lieux. Ils ont tôt fait de trouver le cadavre de la vieille femme, cadavre gravement altéré par les animaux de la maison qui se sont régalé des chairs du cou et du visage.

L'enquête débute et en quelques jours, le profil d'un suspect est tracé. La presse locale se charge de narrer en long et en large les événements et le 5 décembre 1911, grâce aux témoignages de plusieurs habitants de Domfront les gendarmes parviennent à interpeller le grand gaillard qui nie immédiatement les faits. 

Sept semaines plus tard, son procès pour vol et assassinat s'ouvre à Mayenne où il est transféré. 

- Vous êtes un brigand, un débauché, un voleur, un apache et un assassin ! dit le Président.

BOURGES proteste.

- C'est vous même qui l'avez écrit dans un livre de la maison voisine. 

"Tout ce qu'on dira, je le suis et autre chose encore !"

Les témoignages durant le procès ne sont pas en sa faveur. La préméditation est établie. Aucune circonstance atténuante. Même la folie en héritage, les maîtresses receleuses et profiteuses n'y changeront rien.  Le verdict tombe. C'est la Mort.

Au petit matin du 29 MARS 1912, le couperet tombe sur la tête de Paul Théodore BOURGES.

Bonne Lecture,

isalucy23@orange.fr