lundi 7 septembre 2020

PAGE De la FURTIÈRE Alfred

BONJOUR,


Vous aimez les Histoires singulières.....?

Celle-ci débute dans une famille nantaise assez fortunée où il est de convenance de s'unir sur un même plan social....

C'est ce que l'on doit appeler : faire bonne fortune...

Notre natif né le 15 décembre 1842 à 1 h du matin, dans le 3ème canton de NANTES, aurait donc, en tant qu'aîné de la famille espérer hériter une part de cette bonne fortune....



Alfred Jean Louis Théodore PAGE  est né sous le signe du SAGITTAIRE....et on imagine bien ce fortuné enfant voyager à travers le monde, aimable, charmant, disert et attentif aux autres.
 (SOLEIL SAGITTAIRE conjoint à  VÉNUS, à MERCURE et LUNE POISSONS en Maison 7)





L'Étranger lui réserve des aventures mais également des désenchantements.

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Nous avons, pour notre natif, 3 versions différentes des faits qui ont conduit notre natif au bagne de l'île de NOU en Nouvelle Calédonie.








La narration des faits selon le journal Le Temps, du 30 août 1861, est la suivante :

 Le 16 août 1861, vers minuit, Madame LEPAGE revenait de NANTES, en voiture avec ses enfants. Dans la forêt de Chateaubriand, un coup de pistolet fut tiré dans l'intérieur de la voiture de la calèche et en perça la capote. Madame LEPAGE  fut légèrement brûlée au visage. Son fils aîné, Alfred, 17 ans, se précipita hors de la voiture pour poursuivre l'assassin qui tira sur lui et l'atteignit au mollet. Tandis que la voiture était repartie, le cheval s'étant emballé suite aux coups de feu ; le jeune homme trouva refuge dans une auberge à la Poitevinière. Le courageux jeune homme fut ensuite ramené à NANTES, à la Musse, une propriété familiale, pour y être soigné.

Cette version comporte déjà quelques erreurs concernant les lieux ; La Poitevinière se trouve au Sud de la Loire  dans le Maine et Loire alors que Chateaubriand est au Nord de NANTES. Quand au domicile de la famille, en 1861, lors du recensement aucune famille PAGE ou LEPAGE ne vit à la Petite ou Grande Musse à NANTES ; le domicile du jeune homme étant Doulon.
Lors de son arrivée en prison, un examen physique du prévenu signale bien une cicatrice de coup de feu au mollet droit ainsi qu'une cicatrice à la main droite.


La fiche ANOM du fils aîné de la famille comporte la sentence du Tribunal : Travaux Forcés à perpétuité. Le jeune homme a effectué sa peine en Nouvelle Calédonie. Ayant fait appel de la décision, la peine a été réduite à 20 ans. Compte tenu de son comportement généreux et de son abnégation, il bénéficia de plusieurs remises de peine dès la cinquième année de son séjour.

Alfred a produit une attestation pour son co détenu MILLET Sébastien

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Une deuxième version nous est fournie, 37 ans plus tard, par le Petit Parisien, du 19 Août 1898, qui titre : Une nouvelle erreur judiciaire.
Le récit des faits est approchant ; l'instruction a conclu pourtant à la culpabilité du fils aîné bien que défendu par  l'avocat René Waldeck-ROUSSEAU (qui deviendra maire de NANTES, 10 ans plus tard). Les pistolets (2) utilisés lors de l'agression de Mme LEPAGE née Sophie POULAIN-FURTIÈRE, avaient été achetés par le prévenu : Alfred PAGE.
Le fils aîné était tombé très amoureux d'une jeune fille du pays ce que sa famille considérait comme une mésalliance. La jeune femme vint témoigner à la barre et malgré les protestations de l'accusé et celles de sa mère, il fut condamné aux Travaux Forcés pour cette tentative de parricide.
Libéré du bagne 15 ans plus tard, il revint en FRANCE, avec un joli pactole (aide financière de sa propre mère selon certains, revenus d'une concession exploitée comme plantation de café, selon d'autres)
Revenu en métropole, il réclama l'héritage dont il avait été spolié par un oncle qui jugeait qu'un bagnard n'était pas digne d'hériter d'une telle fortune ; celui qui en avait hérité à sa place n'était autre que le procureur ayant instruit le procès. 

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Une troisième version écrite par un bagnard sur l'île de NOU est beaucoup plus romancée.
La scène se serait passée au domicile de Madame LEPAGE veuve depuis peu. (Or, à cette période, M. LEPAGE n'est pas encore décédé ; il mourra en décembre 1866, soit 4 ans après.) 
Son fils aîné, amoureux d'une jeune fille ne relevant pas de leur rang, se serait vu refuser une mésalliance. La jeune fille aurait été écartée du lieu de résidence et se serait donné la mort en se poignardant. 
Au domicile des LEPAGE, le jeune homme malheureux -mais pas encore informé du nouveau malheur- menaçait sa mère de se tuer en pointant un pistolet sur sa tempe ; cette dernière voulant l'en empêcher se jeta sur lui. Le coup partit. Mme LEPAGE venait de recevoir une balle en pleine poitrine.
Le valet de la famille témoigna avoir vu Alfred tenant en main le pistolet, pleurant et s'accusant du meurtre de sa mère. Mais celle-ci, opérée par le médecin arrivé peu après les faits, se remit lentement. Il lui aurait fallu 3 ans pour se rétablir.
Elle aurait par la suite rendu visite à son fils sur l'île de NOU où elle lui apportait argent et nécessaire.

Madame LEPAGE est décédée en août 1891, à PARIS, soit 29 ans après le procès.

De retour en métropole, Alfred, par le biais de son avocat : Me COMBY, aurait réclamé sa réhabilitation et aurait revendiqué son héritage. Ce qui expliquerait la position de MARS en Maison 3 (l'action menée à l'encontre des frères et soeurs).
Son adresse à PARIS étant : 31 rue de la butte aux cailles, dans le 13ème arr.,  domicile de sa mère jusqu'à son décès en 1891.
Cette adresse est celle où son compagnon de malheur en Nouvelle Calédonie, Sébastien MILLET,  lui écrivait. Sébastien MILLET condamné pour le meurtre avec préméditation de la fille de sa compagne -avec circonstances atténuantes- fut libéré de son obligation de résidence en 1898.
Il décède en 1917, à PARIS, dans le 13è arr, au 31 rue de la Butte aux cailles....
Alfred lui aurait-il offert l'hospitalité -à vie-à l'adresse de sa mère ? 
ou aurait-il obtenu pour lui un gîte convenable, à cette même adresse ?



Alfred PAGE De La FURTIÈRE est décédé à 65 ans, 10 ans plus tôt que son ami, chez lui, au 79, rue Bobillot à PARIS (13ème), le 19 mai 1907.



Personne ne pouvant justifier de sa filiation, on peut supposer qu'il n'entretenait plus de relations avec le reste de sa famille. (sa soeur Sarah, religieuse était décédée alors qu'il était au bagne) (son frère Arthur, marié, père de famille et sa jeune soeur Blanche mariée également durant sa période de bagne vivaient en région nantaise).


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Bonne Lecture,

isalucy23@orange.fr

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