samedi 7 mai 2022

la Belle Équipe

 BONJOUR,

29 décembre 1937, au Crédit Lyonnais de Troyes, il est tard quand les deux encaisseurs de la banque sortent. Boulevard Victor HUGO, six hommes surgissent, armés, se précipitent sur eux, s'emparent des sacoches et prennent la fuite. Les agressés armés tirent, les voleurs ripostent. Heureusement aucun blessé. L'alerte donnée, on retrouve le véhicule abandonné à 30 kms au sud des lieux.

L'enquête est difficile, les éléments vagues mais ils rappellent aux enquêteurs un autre casse survenu à l'Ile St Denis ou celui de mars 1937, à Fontenay sous Bois ou encore celui de la Garenne Colomb.

DESGRANDCHAMPS et BUISSON

Plusieurs noms viennent en mémoire aux enquêteurs : Georges VIDAL (né au Puy en 1913), Simone FRIOT dite la belle Gisèle sa maîtresse, André FOUCART né en 1910, vivant sous le nom de LECOURT, Émile BUISSON (né en 1902 à Paray le Monial) dit Fatalitas  et  Charles François DESGRANDCHAMPS dit Charlot le Lyonnais ou les Grands Pieds  qui règne dans un milieu de caïds.
 Charles François Alexandre DESGRANDCHAMPS est né le 20 novembre 1908 à 12 h à LYON



Après ce hold-up, DESGRANDCHAMPS ne se fera pas prendre, il est scrupuleux, un rien ingénieux, et il a programmé de longue date son repli. D'ailleurs, il n'a jamais eu le rôle de sous ordre. Dès son entrée dans le grand banditisme, il a fait figure de chef, organisant avec succès de grandes opérations juteuses. Ses relations étaient multiples et il changeait régulièrement les membres de ses équipes, des hommes ayant déjà fourni largement les preuves de leur savoir-faire. Régulier dans le partage du butin, il était obéi au doigt et à l'oeil.

Le hold up de Troyes est une belle affaire : 1 800 000 frcs ; l'échappée s'est faite à bord d'une Hotchkiss


volée, maquillée et abandonnée vers St Mards en Othe    (après avoir durant 8 jours auparavant étudié l'itinéraire, en empruntant uniquement les chemins vicinaux afin d'éviter les barrages mis en place sur les nationales). Les auteurs du casse avaient convenu de partir chacun par une voie différente pour regagner la capitale laissant le butin aux mains d'un seul homme, un des leurs, grimé en vieil homme paisible accompagné de son chien à bord d'une Citroën café au lait équipée pour recevoir le butin.(la voiture maquillée elle aussi ayant été dissimulée dans la forêt).

 Le tour était joué.  Charles DESGRANDCHAMPS put repartir à ses activités.

Mais c'était sans compter sur la ténacité de la Police. En 1938, DESGRANDCHAMPS fut arrêté par l'Inspecteur CHENEVIER et ceinturé par ses hommes. 

Déjà condamné à mort par contumace en 1934 pour avoir grièvement un policier qui tentait de l'arrêter il est placé en cellule à la prison de Clairvaux. 

Durant une année, Charles DESGRANDCHAMPS réussira à perturber l'esprit d'éminents psychiatres en singeant un chien, les 4 membres au sol, il lape sa nourriture et ne communique que par aboiements.

Il sera finalement interné à l'asile dont il réussira à s'échapper en août 1943 alors qu'il vient d'être frappé d'une peine de Travaux Forcés à perpétuité par la Cour de l'Aube.

Il va refaire parler de lui le 18 juillet 1947 quand avec des comparses, en fin d'après-midi, ils attaquent les Recettes des établissements du Café des Gourmets. 

C'était sans compter sur le courage des deux employées porteuses des valises de numéraire et de leur accompagnateur, le policier à la retraite, M. SÉVIGNÉ ainsi que de M. BECKER et M LÉVÈQUE qui se précipitent aux cris des jeunes femmes délestées de leur fortune. 

Les coups pleuvent. Une nouvelle fois, il est fait usage des armes. 

DUBOIS va tirer sur BECKER qui se présente armé d'une barre de fer pour en asséner un coup à DESGRANDCHAMPS mais BECKER qui a anticipé plonge sur le sol et c'est DESGRANDCHAMPS qui prend la balle dans les intestins.

La fuite est assurée par leurs complices restés dans la voiture et qui tentent tant bien que mal de hisser le blessé sur la banquette arrière. 

Il lui faut des soins mais aucune clinique ne veut prendre le blessé sans avertir la Police. Ils tourneront ainsi des heures avant de se décider à déposer devant les grilles de l'Hôpital TENON le mourant. Le déclenchement de la cloche préviendra les ambulanciers qu'un homme de 39 ans gît sur le sol avec une valise d'argent pour les soins. 

Les médecins tenteront bien de lui arracher son nom mais le grand blessé ne soufflera que "VAUDOUIN". Ce sont finalement ses empreintes digitales qui permettront à la police de l'identifier.

Fin de la cavale.

Bonne Lecture,

Évelyne LUCAS



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