dimanche 17 juillet 2022

Jugée NON COUPABLE

BONJOUR,

Paul Henri MAUBÊCHE connu sous le prénom d'Henri 

est né le 24 mai 1867 à Avize (MARNE) à 23 H - 10 Grande Rue.


Il est de taille normale (1,66m) mais est atteint de varicocèle et son dossier militaire indique : "Services auxiliaires (4ème partie) ; n'a pas été appelé".  

Il exerce la profession de tonnelier et se marie en novembre 1893 avec Louise Isabelle VARNIER ; ils auront plusieurs fils. Leur unique fille meurt très peu de temps après sa naissance (1901).


En 1914, quand la première guerre éclate, ses fils : Louis et Marius partent défendre leur pays. Hélas, ni l'un, ni l'autre ne reviendront, tués à l'ennemi, l'un en 1916, l'autre en 1918.

Eugène, lui, n'est pas parti. Il s'est marié et s'est installé avec son épouse à Avize. 

Georges né en Novembre 1903, trop jeune pour y aller, se mariera quelques années plus tard avec une petite femme (1m57), vigneronne également. Il a du charme ce SCORPION. Gymnaste, bien fait de sa personne, il a su séduire Yvette. 

Bien sûr, il boit un peu....c'est une région de vignobles. Il se bagarre aussi ; querelleur, il a pris l'habitude de faire des jets de bouchons sur ses adversaires....des bouchons dans lesquels il a inséré des lames de rasoir.

Sa mère : Louise Isabelle, est morte. Il reste aux côtés de son père, Henri, dans la maison voisine. 

Yvette sa cadette de quelques années, lui donnera, coup sur coup trois enfants : Paulette, Guy et Marie Thérèse. La vie de cette famille n'est pas rose. Yvette sera bientôt sa cible préférée.

Ce fils : Georges, est un bon à rien, un trousseur de jupons, un obsédé dont les crises de colère font peur à ses filles et à son épouse d'autant qu'il possède un poing américain et qu'il n'hésite pas à en faire usage contre elle. Il lui arrive même d'envoyer sa femme coucher dans le bûcher pour avoir "le champ libre" ou plutôt le lit conjugal libre pour y amener des filles de joie avec qui il passe une nuit de débauche. On dit même qu'il a fait venir un militaire et une prostituée et qu'il les a installés dans le lit de sa fille aînée. D'ailleurs, parfois il chasse cette dernière et parfois il l'oblige à rester. On dit aussi....On raconte aussi...

Voilà bientôt 20, ans qu'Yvette endure les coups et que ses filles vivent un calvaire.

Le 2 Juillet 1950, Yvette rend visite à sa fille aînée à l'hôpital d'Épernay où elle se remet d'une mauvaise passe. Georges est venu à bicyclette avec Marie Thérèse et ils rentreront de même. Yvette est inquiète en rentrant. Il y a eu une altercation au sujet de billet d'entrée pour l'hôpital et Georges a encore piqué une colère. Sa fille qui la guette la rassure : il dort. En fait, il cuve son vin. Marie Thérèse qui a 16 ans est autorisée à se rendre à la kermesse. 

Yvette restée seule tente de faire un peu de rangement en silence ; elle a aperçu une massette, s'en est saisi, s'est approchée du lit sur lequel l'ivrogne ronfle grassement. Elle a frappé à la tête. Un coup. Pas très fort. Yvette n'est pas une brute, elle. Il s'est réveillé en hurlant, s'est levé et s'est jeté sur elle. Yvette a pris peur, s'est mise à courir dehors. Il l'a rattrapée après s'être emparé du marteau. Ils sont tombés au sol et cette fois la lutte est serrée. Yvette ne compte pas subir une fois de plus un mauvais traitement. Elle a repris la massette que son mari à lâcher et elle frappe, frappe et frappe encore pour toutes ces années où elle a enduré. 

L'homme ensanglanté ne bouge plus. 15 coups à la tête ont eu raison de lui. Apeurée, en pleurs, couverte de sang, Yvette se rend chez une parente à qui elle avoue son geste. 

Il est 23 h quand les gendarmes enregistrent ses aveux. Elle est incarcérée. L'enquête démarre. 

Les commentaires, eux, vont bon train dans le village. 

Le procès se déroule un an plus tard. Le 17 juillet 1951, la Cour a délibéré. Aux questions : La prévenue a-t-elle porté volontairement les coups ? Son intention était-elle de donner la mort à son époux ?  Les jurés qui ont suivi durant deux jours le procès ont répondu : NON.  Yvette est acquittée. La foule a applaudi. Le président, dit-on, lui-même a souri. 

Le maire d'Avize a pris dans ses bras la vigneronne. Il avait raconté à la salle attentive que le jour de l'enterrement, il a dû réquisitionner 3 cantonniers et un charretier pour porter le décédé en terre et que personne ne s'est déplacé pour suivre le cortège.

Le père de la victime, son beau-père, Henri MAUBÊCHE s'est approché et l'a félicitée. 

Ses enfants, se sont pressés contre elle, en larmes. Un an qu'elle n'avait pu le faire. 

Henri MAUBÊCHE vivra encore 18 mois dans cette famille retrouvée. Il meurt le 19 décembre 1952.





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