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Jacques René BARRAUD est né en Vendée, aux Pineaux St Ouen, le 13 mars 1847 (6 H)
Les années ont passé, il s'est retrouvé veuf en 1894 avec de jeunes enfants et adolescents sur les bras. Son caractère ne semble pas s'être amélioré.
Pourtant, en 1906, il a pour projet de faire publier les bans de son mariage avec Modeste BLIN, déjà veuve deux fois, travailleuse et économe qui détient un petit pécule d'environ 400 francs dont elle a bien voulu lui parler.
Il a bien tenté, le 9 mars, d'en obtenir une avance pour pouvoir régler les nombreuses dettes qu'il a auprès de ses nombreux créanciers mais Modeste n'a pas cédé. Il y touchera quand ils seront passés devant le maire.
Seulement les créanciers semblent ne pas pouvoir attendre et Jacques René BARRAUD à envisager une autre possibilité.
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Marie Joséphine Modeste BLIN est née le 13 juin 1855 à Thorigny (85) (13 H)
Mais ce 18 mars 1906, en début d'après-midi, on s'étonne de ne pas l'avoir vue ni dans son jardin, ni dans le bourg de ROSNAY.
Alors quand en ouvrant la porte de la maison, elle est apparue à ses visiteurs, pendue avec une corde à la tringle en fer du lit à colonnes, les pieds touchant le sol, la maison bien en ordre, quelques effets déposés soigneusement sur le lit bien fait, personne ne crut à ce simulacre de suicide.
Le maire fut le premier prévenu, c'est lui qui fit les démarches auprès du médecin et de la gendarmerie.
La présence d'une chaise placée devant "la suicidée" avait de quoi étonner. Selon le légiste, la mort avait eu lieu entre 23 h et 2 H du matin. La porte d'entrée n'était pas fermée. Elle conservait la clef sur elle, comme un pendentif, sur une chaîne autour du cou. Elle y était toujours. Mais son cou portait des traces de strangulation laissées par des mains massives et vigoureuses. On pouvait égalemeent remarquer des marques d'ecchymoses au bras droit.
C'est tout naturellement que l'enquête se tourne vers le prétendant. Les gendarmes se présentent chez lui sans attendre. Il est incapable d'expliquer un tel crime. Mais les enquêteurs sont intrigués par les marques de griffures semble-t-il qu'il a sur la joue gauche.
"une branche de genêt" dira-t-il.
On fouille son domicile et on découvre une corde à noeuds qui rappelle quelque peu celle qui a servi pour sa dulcinée. Le charpentier a des explications pour ça aussi.
L'enquête se poursuit dans le voisinage.
On ne tarde pas à découvrir que le "fiancé" était couvert de dettes ; "il en avait plein, un vrai panier percé" dira l'un de ses créanciers ; d'autres interrogés diront qu'il a honoré entièrement celles-ci le lendemain du meurtre de Modeste soit 337,59 francs. Lui affirmera que c'est une de ses filles qui lui a prêté la somme. Interrogée, cette dernière confirmera avoir octroyé un prêt (loin d'être aussi important que la somme annoncée) à son père..... mais c'était il y a deux ans. Cet enrichissement miraculeux n'est probable que grâce aux économies de sa "fiancée" dont il a pris possession avant la noce, étant acculé par ses créanciers.
Il semble bien que les gendarmes aient déterminé le mobile du crime. Mais en l'absence d'aveux ou de témoins directs du crime, difficile d'inculper le charpentier. Compte tenu de sa carrure, il n'aura eu aucun mal à maîtriser Modeste qui n'aura réussi qu'à le griffer au visage alors qu'il lui serrait le cou. La maison n'ayant pas été fouillée, il savait où sa future femme cachait sa fortune et n'aura pas mis longtemps à faire main basse dessus. La porte ouverte laisse supposer qu'il passerait en soirée et qu'elle l'attendait.
Le 24 juillet 1906, il est envoyé devant la Cour d'Assises pour assassinat et vol qualifié. Le procès se terminera le surlendemain à l'aube.
Le Jury vendéen s'est montré très généreux pour ce meurtre ; il a rejeté la préméditation. On lui reconnaît des circonstances atténuantes.
La peine est infiniment modérée : 5 ans de réclusion. 10 ans d'interdiction de séjour.
Bonne Lecture,
isalucy23@orange.fr
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