mercredi 24 mars 2021

LELIÈVRE Pierre Étienne Gabriel

BONJOUR,



 

Le CAPRICORNE est un animal au sang-froid.....

Pierre Étienne Gabriel LELIÈVRE est né à MADRID le 25 décembre 1784....de parents français (région de Tennie, dans la Sarthe) mariés en 1782. 

La famille est aisée, nombreuse et respectée. Gabriel LELIÈVRE est marchand, tailleur d'habits. Ils vivent un temps à MADRID, reviennent s'installer Rue de la Muette à PARIS, dans le faubourg Saint Antoine...finalement repartiront vivre en ESPAGNE, en 1819 après "l'Affaire" de leur fils.




Le 7 janvier 1809, Pierre LELIÈVRE  qui travaille depuis deux ans grâce à l'entremise de son père, à la Banque de FRANCE, se fait prendre dans une histoire de faux-billets. La somme est conséquente. Ce jour-là, il est arrêté. Sa famille en est informée.

Pour que l'affaire ne s'ébruite pas, ses parents supplient le Ministre de la Police. Ils sont prêts à tout payer...Pour le silence de la Justice, le coût est élevé : 60 000 frcs et  l' acceptation de leur fils à signer un engagement dans un bataillon colonial dont le départ est prévu pour le lendemain ......

L'honneur....est comme une île escarpée et sans bords

On n'y peut plus rentrer, dès qu'on en est dehors

De sa vie militaire, les éléments sont imparfaits ; après un séjour aux îles St Marcouf,  on le retrouve aux Pays-Bas (à Flessingue) puis à Anvers. La FRANCE y prépare une opération contre les anglais. Il y rencontre une jeune veuve de militaire : Mme DEBIRA Jeanne. Ils vivent dans une étroite intimité durant quelques mois. 

Indigne de servir dans les rangs de l'armée française, il déserte, vend son uniforme....

Avec la crainte d'être arrêté et traduit devant les tribunaux militaires, il se terre, se cache jusqu'au jour où la chance lui fait "trouver" les papiers d'un certain CHEVALLIER Pierre -originaire de Lyon- de son bataillon. 

Il lui manque juste un congé et une feuille de route..Qu'à cela ne tienne, les bonnes habitudes ne sont pas perdues. Sa main est toujours apte à faire des faux.

Il serait à CUBA dans les années 1810.....où il aurait laissé derrière lui .....un certain nombre d'enfants qui auront une descendance.  Rien n'est moins sûr. Aurait-il aussi vendu ses papiers de naissance ?

La capitale française aurait été trop compromettante. On retrouve la trace de "Pierre CHEVALLIER/Pierre LELIÈVRE" dans le Rhône, à Lyon, où notre déserteur occupe le poste de Sous-Chef au Bureau des Finances de la Préfecture du département, dès le 1er Janvier 1812.

Il est désormais connu sous le nom de : Pierre Claude CHEVALLIER   né à Lyon, le 1er février 1785 Fils de Jean Louis décédé, fabricant de soie  et LEAZ Claudine, décédée également.

Sa jeune maîtresse Jeanne DE JOUNGH (veuve DEBIRA d'un officier Hollandais) l'a suivi à LYON, Rue St Dominique, dans un logement loué par M JOUVENNE, marchand de parapluies, dès Mai 1812 .....Elle y décède en Août 1812, à l'âge de 24 ans. Il n'y a désormais plus de témoin de son passé. Il déménage rue St Joseph. 

En Avril 1813, devant Me FROMENTAL, il signe un contrat qui l'engage dans un premier mariage qui a lieu le 5 Mai 1813, à LYON, avec Étiennette DESGRANGES. 

De cette union, une petite fille : Justine Jacqueline LELIÈVRE va naître un an plus tard mais l'enfant et la mère mourront à quelques jours d'intervalle, courant Juillet 1815, dans d'horribles douleurs. Il déménagera rapidement vers les Feuillants. 

Pierre CHEVALLIER s'engage dans un second mariage qui sera célébré le 28 Août 1816 à LYON, avec Marguerite Reine PIZARD ; le contrat de mariage a été établi peu avant, devant Me LECOURT et en plus d'une belle dot, 3 800 frcs, la demoiselle a fait cadeau à son époux, employé à la Préfecture, d'une donation au prémourant.

Un fils, Denis Marie Eugène, va naître le 13 Mai 1817. 

Quatre mois plus tard, la jeune mère de 29 ans, meurt.(14 septembre 1817) dans d'affreuses douleurs. Il déménage très vite et s'installe Quai St Vincent.

Quelques 9 mois plus tard, le 24 Juin 1818, après un nouveau contrat aux conditions identiques établi chez le même notaire, Pierre CHEVALLIER épouse Marie RIQUET, fleuriste dont la dot est aussi conséquente (3 000 frcs) que celle de sa précédente épouse. Celle du mari n'a pas évolué.

Son fils Denis est placé en garde chez une nourrice à la Guillotière. 

Dix mois plus tard, un second fils vient au monde : Pierre Claude né le 24 Avril 1819 mais.....

la jeune mère décède peu après, le 11 Mai 1819 elle était sur le point de fêter ses 30 ans. Moins de 4 semaines plus tard, il s'installe Place Louis LEGRAND.

Le 2 août de la même année, Pierre CHEVALLIER, sous chef au Bureau des Finances de la Préfecture, se rend à la Guillotière, vers 19 h, chercher son fils de deux ans -né de son mariage avec Marguerite Reine PIZARD- La nourrice hésite un peu n'ayant pas été prévenue mais le père insiste et déclare qu'il va placer son fils chez une autre nourrice.  On ne reverra jamais l'enfant vivant.


Selon la version de son père lors de son procès, il serait parti de chez la nourrice avec l'enfant, aurait traversé la Guillotière, serait arrivé à Tassin-la Demie-lune où il aurait couché dans une auberge. Le lendemain, il reprend la route en traversant les bois de Pollionay, vaste forêt dans laquelle ils se perdent. L'enfant aurait fait une chute dans une crevasse où son père l'aurait retrouvé mort.....

Aucune déclaration de décès à Lyon en Août 1819 n'a été enregistrée La mention du décès de l'enfant sera notifiée en marge de l'acte N° 2673 du 14 Août 1819 -registre de 1819- en 1821 sous le nom de LELIÈVRE Denis, après le procès -qui fait état de l'immolation de l'enfant-.

Un témoignage tardif (12 décembre 1820) a été fait par une femme de TERNAY qui prétend qu'un enfant de deux ans a été inhumé dans cette commune ; les vêtements (marqués d'un C pour CHEVALLIER) de l'enfant auraient été gardés par le marguillier de l'église et reconnus par la nourrice quand la police les lui montre. Aucun acte de décès concernant un enfant de cet âge en Août 1819 n'a été inscrit sur les registres de TERNAY.

Un autre témoignage d'une passante qui se souvient que les premiers jours d'Août 1819 entre 23 h et minuit, passant sur le pont de la Guillotière, elle voit un individu se débarrasser d'un paquet dans le Rhône. Elle supposait qu'il s'agissait de contrebande.

JUPITER carré à MARS - MARS sur un degré d'événement important se rapportant à un enfant.

Mais pour le moment, Pierre n'est pas inquiété et il pense déjà à célébrer ses prochaines noces.....

Marie Rose Benoîte BESSON a signé le 18 mai 1820 un contrat qui l'engage dans une union célébrée le 30 Mai 1820 à LYON.....

La jeune femme souhaite connaître et présenter le premier fils de son époux....enfant que la famille PIZARD souhaite retrouver également et devant le mutisme de Pierre Étienne Gabriel LELIÈVRE, ils n'ont pas hésité à réclamer au Juge de Paix, une assemblée de la famille pour déterminer un subrogé tuteur. 

Pierre Étienne Gabriel LELIÈVRE, piégé, tentera  d'enlever un enfant du même âge que son fils. C'est sans compter sur la réactivité des parents de l'enfant BERTHIER et de la foule mise en alerte. Il sera arrêté, sommé de s'expliquer.....la réponse pourrait faire rire : "on m'a volé mon enfant. Alors j'en ai pris un autre "..C' est là que toute son histoire sera dévoilée. 

Un long procès se tiendra. La liste des crimes qui lui sont reprochés est longue : désertion, vol envers l'État, l'assassinat avec préméditation de son enfant, les empoisonnements de plusieurs femmes, le rapt d'un enfant, les faux en écriture, l'usurpation d'identité. 

La famille de l'accusé ne sera pas présente. 

**********

Seize actes d'état civil établis par notre faussaire, menteur, filou, empoisonneur, seront ainsi révisés par les autorités françaises....en Mars 1821....deux mois après l'exécution de celui-ci.....

qui pour l'occasion reprendra son identité de naissance : Pierre Étienne Gabriel LELIÈVRE....

né le 25 décembre 1784 à MADRID et exécuté le 29 janvier 1821 à 11 h 30 pour tous ses crimes.


Archives de LYON - 1821 - 



Le buste de Pierre LELIÈVRE est au Musée des Sciences médicales et de la Santé à Lyon.

À Cuba, un autre individu portant les mêmes noms et prénoms et ayant les mêmes parents disposant de papiers certifiant cette identité, s'établira dans une exploitation de café, à partir de 1811, s'y mariera, aura des enfants et y décédera en 1853.

Évelyne LUCAS


2 commentaires:

  1. The person who showed his identity as Pierre Etienne Gabriel LeLievre in Cuba had several children. I just got their Catholic Church baptism; however, all of the documents shows their paternal grandparents (Pierre Etienne Gabriel LeLievre’s parents as Pierre LeLievre and Elizabeth Sandre instead of GabrielLeLievre and Angelique Breux. I
    ordered more research on this ancestor of mine that is so mysterious.
    Why did he used Pierre Etienne G LeLievre’s identity? Could he be a relative?
    In all the years (since 1999) researching my family from Spanish Florida, Europe, Cuba and Cuba, I have never encounter such a mysterious ancestor!
    Thank you for your help
    Teresa D Sardiñas

    RépondreSupprimer
  2. Si parmi Vous, il y a des féru(e)s de généalogie, voici le message traduit de Térésa avec qui j'ai déjà été en relation pour cette affaire. Elle vous demande un petit coup de main supplémentaire : La personne qui s'est identifiée comme Pierre Etienne Gabriel LeLièvre à Cuba avait plusieurs enfants. Je viens de recevoir leur baptême de l'Église catholique; cependant, tous les documents montrent leurs grands-parents paternels (les parents de Pierre Etienne Gabriel LeLièvre comme Pierre LeLièvre et Elizabeth Sandre au lieu de GabrielLeLièvre et Angélique Breux. I
    ordonné plus de recherches sur cet ancêtre qui est si mystérieux.
    Pourquoi a-t-il utilisé l'identité de Pierre Etienne G LeLièvre ? Pourrait-il être un parent ?
    Au cours de toutes les années (depuis 1999) à rechercher ma famille de Floride espagnole, d'Europe, de Cuba et de Cuba, je n'ai jamais rencontré un ancêtre aussi mystérieux !
    Merci de votre aide
    Teresa D Sardaignes

    RépondreSupprimer