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Paul GRAPPE naît le 30 août 1891 à 8 h du matin à Rançonnières (Haute Marne)
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La presse du 6 février 1925 fait paraître l'interview d'un déserteur bénéficiant d'une amnistie (loi de janvier 1925)...
il vit au 30 rue de la Sausure où on le connait comme étant : Suzanne LANDGARD.
Suzanne me tend sa main mutilée. De petite taille , vêtu d'une chemise kaki et d'un pantalon marron, Paul GRAPPE a réellement une apparence féminine. Les cheveux châtains, coupés à la Ninon, dégagent un cou très blanc. Les mains, les pieds sont de toute petite taille, et cette voix, cette voix extraordinaire aux inflexions câlines.
Non merci je ne fume pas. Vous regardez ma chambre .Excusez le désordre. Mon histoire...Oui c'est vrai j'ai déserté. Mais, sur la tête de ma mère, j'ai été réellement blessé par un éclat d'obus. J'ai failli être fusillé pour l'exemple. Le témoignage de camarades m'a sauvé.On a voulu m'envoyer aux zouaves dans un régiment sacrifié. C'est alors que j'ai déserté.
J'ai retrouvé ma femme à Paris, à Montparnasse, où j'habitais alors.
Pendant deux ans je suis resté enfermé, laissant pousser mes cheveux qui m'arrivaient aux genoux, ne parlant qu'à voix basse. Un jour de bombardement de gothas la peur m'a fait parler : parler avec une voix de femme. C'est à partir de ce moment que je me suis risqué à sortir. Pendant ma claustration, j'avais appris à coudre. Je me suis fait des toilettes de femme. J'ai cherché du travail, fabriqué des bretelles.
32 frcs par semaine ce n'était pas gras pour vivre. Alors que voulez-vous je suis devenu Suzanne, la Garçonne. À Montmartre, À Montparnasse, j'ai fréquenté les boîtes de nuit. J'ai eu des amies et des amis. Regardez ces lettres...des propositions de mariage même.
Toutes les tristes aventures de l'irrégulière je les ai vécues. J'ai failli être tuée par jalousie, être embrigadée par la police des moeurs, et toujours la peur, l'horrible peur d'être dénoncée, arrêtée. Vous imaginez-vous la volonté qu'il a fallu pour jouer ce rôle.
J'ai croisé 20 fois ma mère qui me croyait en Russie ou mort, suivi l'enterrement de ma grand-mère, à distance, le visage couvert par une voilette. OUI J'ai déserté, mais j'ai douloureusement payé ma faute.
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Après cet interview, il déménagera Rue Vieille du Temple en 1926 dans le 4è arr puis 34 rue de Bagnolet Paris 20ème Mars 1927
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1929
Le Jury de la SEINE vient d'acquitter Louise Gabrielle LANDY
La concierge des lieux avec Paul GRAPPE ou "Suzanne" et son épouse Louise LANDYLouise a tué son mari "l'homme habillé en femme", le 21 Juillet 1928
Lors de son procès, on a rappelé les précédents :
GRAPPE blessé au doigt que l'on soupçonne de s'être volontairement mutilé. Malgré un non lieu, son capitaine ne croit ni à sa version ni à son innocence et le menace même de le tuer à la prochaine occasion s'il se comporte mal. On lui prête des expériences de parachutiste mais selon son épouse, on apprend qu'il n'est jamais monté dans un aéroplane même sur un manège. (article de presse vantant les mérites du défunt)
À Paris où il arrive le 27 mai 1915 il retrouve Louise.
Sa femme participe à sa transformation ; lui donne son plus beau costume de velours. Elle lui perce les oreilles et lui met des boucles. Par un procédé électrique, il fait tomber sa moustache. Pour éviter les cancans, ils déménagent. Il part faire un court voyage en Espagne et au retour Suzanne LANDGARD mécanicienne oeuvre auprès de Louise, la brodeuse.
Le Juge chargé du procès résume :
Vaniteux, perverti, anarchiste, théoricien de l'union libre, l'homme aux 3 000 maîtresses réussit même à persuader son épouse de partir avec un amant. À la suite du départ de son épouse, il tente de se suicider. On retrouve son journal dans lequel il parle de son fils : Paul, "le bonheur de sa vie", qui le pousse à travailler. Nous ne saurons jamais s'il s'agit de la vérité ......
Dénoncé par une lettre anonyme qui le disait dangereux, celui qui avait perdu l'habitude du travail, avait tout de même fait une demande pour entrer dans la Police, précisant qu'il voulait entrer dans la Mondaine..... il avait réussi à se faire embaucher dans une usine d'automobiles où il fut si mal noté qu'on lui versa 15 jours d'avance pour qu'il partît plus vite.
Ce soir du 21 juillet, il rentre chez lui après s'être saoûlé dans tous les cafés du quartier. Plié en deux, il rugit comme un lion. Louise prend un pistolet et tire.... alors que sa vie n'est pas en danger dira le juge et que la bête est quasiment endormie.
Durant le procès Me GARCON chargé de la défense de sa cliente, ne manque pas de démontrer l'abjection de la victime, ses raffinements, son sadisme. Il révèle certains détails affreux : GRAPPE étranglant des chats et savourant leur agonie. Il fait à grands traits le récit de la vie de sa malheureuse cliente, de son amour maternel angoissé, de la maladie de l'enfant, de son retour à la maison, le dernier soir et du drame "fatal" qui se produisit dans la nuit :
Il ne reste plus rien à cette femme si ce n'est le souvenir d'un monstre et l'image adorée de son enfant mort. Ce n'est pas elle qui est coupable. C'est Paul GRAPPE qui est l'assassin !
Née le 10 mars 1892, à (5 H) PARIS (13è) Louise LANDY est de taille moyenne, encore jeune, très maigre, elle lève la tête très droit vers les jurés, elle n'a pas perdu un mot de l'acte d'accusation. Le nez pointu, le menton anguleux, les yeux noirs, elle porte au cou un collier de jais avec la photographie du petit Paul mort à la Riboisière en Août alors qu'elle est incarcérée à St Lazare.
Une brève délibération s'ensuit. Louise LANDY-GRAPPE est acquittée.
Libre, elle se remarie en Juillet 1929. Elle vivra jusqu'en 1981.
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