BONJOUR,
Marie Marguerite est née en 1762, le 17 avril, à Rouge-Perriers en Normandie.
La Révolution dans le Pays est passée par là....
Des têtes sont tombées....beaucoup ; les choses se sont calmées...sans doute le croit-on.
En janvier 1793, la citoyenne HEUZÉ a épousé Jacques Alexandre JOUVIN -tisserand-
Le travail n'est pas si bon que cela et il devra changé régulièrement d'activité. Marie Marguerite aura 4 enfants mais il semble bien qu'aucun n'ait pu atteindre un âge même adolescent.
Elle n'a pas encore 39 ans, elle vient de fêter ses 8 premières années de mariage que la voilà veuve. Jacques Alexandre JOUVIN meurt à 43 ans, le dernier jour de février 1801.
Marie Marguerite quittera sa région et réussira à obtenir un poste de servante chez l'agent municipal et un ancien marchand de bois devenu arpenteur de profession : Jean ENOUT, resté célibataire. Il loue une petite maison dans le bourg d'Amfreville-la-campagne (EURE) et Marie Marguerite est chargée de tenir sa maison.
En mars 1817, le samedi 1er, Jean ENOUT est absent, il est allé faire une course à ELBEUF, une transaction financière pour son propriétaire : Pierre Wilfrid REGNAULD. Il rentre chez lui en fin d'après-midi, vers 18 h. À son grand étonnement, la table est mise (un couvert) et le repas de midi n'a pas été consommé.
Il fait le tour du logement et ne trouve aucune trace de sa servante ; par contre, dans sa chambre, le secrétaire est forcé, les serrures arrachées et une somme conséquente : 260 francs en pièces d'or et d'argent a disparu.
Il cherche partout sa servante et la nuit tombée, il se couche sans que celle-ci se soit manifestée.
Le lendemain, très étonné de cette absence, il se rend chez Eustache BROUARD, juge de paix à Tourville afin de le tenir au courant de la disparition de son employée. Le magistrat prendra la route de retour avec lui afin de fouiller de fond en combles la demeure. Et au bout de quelques temps, les deux hommes découvrent le cadavre de Marie Marguerite. Il est couvert de traces de coups. La gorge est enserrée dans une corde. Sa tête a été fendue laissant une marque en T.
Il est vraisemblable qu'elle était sur le point de passer à table et qu'avant cela, elle s'est rendue au cellier pour y tirer un pichet de cidre pour le repas déjà prêt quand elle fut agressée par l'individu ayant laissé ses marques de pas sous la fenêtre de la maison. Selon, le Juge, l'heure de la mort se situerait aux alentours de 14 H. Sur un fagot, le Juge trouve un outil de couvreur..
Les voisins qui s'étonnent de l'animation autour de la maison de l'arpenteur, en ce jour dominical, viennent aux nouvelles. Stupeur, personne n'a rien vu. Le chien des voisins n'a pas aboyé. L'outil de couvreur doit être celui du couvreur de chaume de Tourville : DUPUIS.
Wilfrid REGNAULD sera chargé de se renseigner sur les derniers passages du couvreur à Amfreville-la-Compagne. Il se met donc en route pour Tourville. Dans l'attente de nouveaux éléments, le Juge cessera ses investigations et fera son compte-rendu au procureur du Roi.
Le chirurgien chargé de l'autopsie donnera des indications sur le type d'arme utilisée : une serpe ou une hachette ou encore un outil de couvreur.
À son retour, Wilfrid REGNAULD leur apprendra que le couvreur était bien à Tourville et qu'un témoin disculpe l'homme. Les enquêteurs de leur côté ont pris en note tous les faits y compris les ragots et insinuations qui leur ont été rapportés.
Ce même après-midi, c'est Pierre Wilfrid REGNAULD que l'on viendra arrêter. Il est du même âge que Marie Marguerite HEUZÉ-JOUVIN. Sa famille est originaire d'Amfreville-la-Compagne. Il est travailleur et est très économe ; il a été marié deux fois ; sa première épouse, Denise GIRARD, est décédée dans la capitale en 1803. Il est revenu auprès des siens ; devenu marchand de bois, il s'est remarié avec une veuve trois ans plus tard mais l'union était déplorable. Désormais, il loue sa maison à Jean ENOUT pour pouvoir payer la pension de sa seconde épouse. Il a même négocié un accord avec lui pour pouvoir partir tenter sa chance en Afrique. Il vit au sein de sa famille auprès de ses parents mais n'est nullement acculé.....même si certains se sont plu à prétendre qu'il avait fait banqueroute à Paris.
Son frère prend fait et cause pour lui. Son père déjà âgé maintenant, fut maire de la commune, en 1791, Il soutient également son aîné.
Les fait sont pourtant clairs : ce jour-là, Pierre Wilfrid a été vu par Cyrille LECOMTE venu lui emprunter une brouette vers 11 h 30 puis plus tard, quand il est revenu la rapporter. Deux charpentiers qui travaillaient dans la cour des REGNAULD ont déjeuné avec lui vers midi trente ; le repas a duré une heure environ. Un habitant de la commune est ensuite arrivé environ ½ heure plus tard. Soit vers 14 h. Ce même personnage, lui, prétend être arrivé plus tard mais n'est sûr de rien. Il a trouvé REGNAULD avec son petit neveu sur les genoux. L'enfant était malade.
Seul témoin à charge, le "bêta" MÉNIL qui prétend avoir vu Pierre Wilfrid REGNAULD couvert de sang vers 14 h 15. Seulement son témoignage est cousu d'erreurs de lieux et de dates. On ne gardera que ce qui pourrait correspondre.
Marie Marguerite est morte entre 12 h et 14 h 30 selon le légiste ; la marge est large ...mais faible pour REGNAULD.
Il lui aurait fallu se rendre discrètement sur le lieu du crime avec une arme cachée sous le bras. Observer la servante, vérifier que personne d'autre n'était sur place. Les voisins LEMOINE auraient pu le voir ou entendre la veuve JOUVIN crier, se défendre....car elle ne s'est pas laissée étrangler sans lutter....son meurtrier l'ayant achevée d'un coup sur la tête ! il doit porter des marques de griffures, de morsure peut-être même.
Puis le meurtrier s'est rendu à l'intérieur de la maison après avoir essuyé l'arme et la jeter dans la mare. Il a ensuite fouillé les meubles afin de trouver le pactole avec lequel il est parti.....après avoir ôté ses vêtements souillés de sang, s'être nettoyé, et .......
revenir comme si de rien n'était prendre son petit neveu sur les genoux et jouer avec lui avec le plus grand naturel.
Aucune reconstitution n'aura lieu. REGNAULD arrêté aura un procès à charge. Un innocent ira à l'échaufaud.....
C'est sans compter sur ses avocats et sur la volonté de la famille REGNAULD afin que la vérité éclate.
Il leur faudra de longs mois et un beau remue ménage dans la Presse. La Peine de Mort sera commuée en 20 ans de prison que Pierre Wilfrid effectuera ; François, son frère est mort. Sa mère l'a suivi la même année que le Roi :Louis XVIII. Sa jeune soeur aussi mourra avant sa sortie. Le marquis de BLOSSEVILLE, maire de la commune quittera la mairie après les émeutes de 1830. Il avait voulu régler ses comptes avec la Révolution et avait pris fait et cause contre Pierre Wilfrid REGNAULD et avait été condamné par la Justice à verser 25 frcs de dommages-intérêts au condamné (pour calomnie).
En Septembre 1830, le nouveau Roi a accordé une remise de peine au vieil homme de 68 ans qui a retrouvé son vieux père de 91 ans. Ils vivent encore ensemble quatre ans, entourés de leurs petits enfants dans la commune d'Amfreville dans la maison de famille, rue Vautier. Wilfrid meurt en décembre 1843 sans qu'on n'ait jamais cherché à savoir qui avait tué Marie Marguerite HEUZÉ.
Bonne Lecture,
Évelyne LUCAS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire