mercredi 11 novembre 2020

Octave MONJOIN

 BONJOUR,


La Première Guerre mondiale a été une expérience désastreuse pour la population française ; de nombreuses familles ont été décimées ; la Guerre ne leur a pas rendu leurs enfants et si les canons ne les ont pas tués c'est la grippe espagnole qui les leur a enlevés.

D'autres cas plus particuliers ont eu lieu...celles de ces 300 000 soldats portés disparus ou revenus sans aucun souvenir...de ce ou de ceux qu'ils sont.

Le 1er février 1918, sur le quai de la gare de Lyon, les soldats libérés par les allemands descendent du train. Certains sont attendus et retrouvent les leurs. D'autres regagnent seuls leur ancien lieu de résidence. Mais, ce jour-là, un soldat avec son fallot à la main, circule sur le quai sans chercher à en partir. Interrogé sur son identité on croit discerner "Anthelme MANGIN"rue Sélastras à VICHY...Dirigé vers l'hôpital il est interné, le 22 mars suivant, à l'asile d'aliéné de Clermont-Ferrand. 

Le Petit Parisien de Janvier 2020 communique les portraits des soldats revenus frappés d'amnésie afin d'avertir la population dans le but de retrouver leur famille.


Mademoiselle MAZENC et sa mère -originaires de RODEZ- sont persuadées reconnaître leur fils et frère disparu en 1915 dans la MARNE, en la personne de MANGIN. Le soldat est transféré à RODEZ. Le préfet fait mener une enquête à son sujet et des confrontations sont organisées avec ses anciens amis collègues et patron. Bien vite, il conclut à une erreur. Le tribunal statuera sur le sort du soldat MAZENC pour qui il établira un P.V. de décès à l'ennemi. Quant à MANGIN il restera à l'asile.

Les pensions de guerre pour être attribuées doivent être nominatives...Se pose donc toujours quelle identité attribuée à tous ces amnésiques. Anthelme MANGIN, après diffusion de son portrait dans la presse, se trouve réclamé par plus de 300 familles françaises -prêtes à l'adopter- qui croient reconnaître dans le jeune homme un fils ou un mari.



Dix années vont ainsi s'écouler sans résultat...Puis 15....En 1935, soit 17 ans après son retour, deux familles réclament l'homme comme étant pour l'une, l'époux de Lucie LEMAY et pour l'autre, le fils : Octave MONJOIN, rapatrié d'ALLEMAGNE, le 31 janvier 1918, avec un convoi de commotionnés et destiné à l'asile de LYON.

Les juges chargés de l'établissement de l'identité de ce soldat, décident de se rendre avec lui à St MAUR sur INDRE, encadré de deux gendarmes ; c'est là qu'il reconnaît son village, qu'il remarque le clocher abattu (par la foudre), qu'il s'assoit sur les marches du perron de la maison de ses grands parents et retrouve sa classe à l'école du village où une foule de personnes s'était rassemblée.

Le 16 Novembre 1937, la Justice a tranché et lui rend son identité.


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Octave MONJOIN est né le 19 mars 1891 à St MAUR (36) à 2 h ½ du matin.






Octave MONJOIN est incorporé sous les drapeaux en Octobre 1912 pour ses obligations militaires. Soldat de 2ème classe il fait partie du 95è R.I. sous le N° 3464. 
La guerre éclate et la 5è Compagnie se trouve à BLAMONT où le jeune soldat se trouve blessé (fracture à la jambe) lors d'une opération militaire et fait prisonnier par les allemands.  
Signalé à compter du 15 Août comme disparu, l'Armée a bientôt la certitude que son soldat a été transféré dans un camp à Karlsruhe (26 juin 1915) puis à Darmstadt Alazkarlsrucher


Reconnu comme étant en vie mais atteint de démence précoce, une pension lui sera allouée ; c'est là que son retour prévu en Janvier 1918 sur le quai de la gare de LYON....vire au cauchemar. 

URANUS est sur le 30° BALANCE - un homme est couché sur un paquet de hardes dans une clairière. Il regarde avec effroi....

Mais une fois de plus, alors que la Justice a tranché sur son sort, le Destin, lui, en a décidé tout autrement pour ce "poilu".

PLUTON 6° GÉMEAUX   une femme....tient un livre d'une main et une balance dans l'autre....

Son frère aîné -qui avait eu la chance de revenir vivant de cette première guerre mondiale-  Joseph Auguste, 53 ans, meurt d'une ruade le 23 mars 1938 

Son père âgé de 82 ans décède le 1er avril 1939. 

Octave MONJOIN retourne vivre en institution : à l'asile Ste Anne à PARIS. 

Il y décède le 10 Septembre 1942.

En avril 1948, sa dépouille est enterrée au cimetière de son village natal de St MAUR  grâce à la générosité, dit-on, d'un marchand de bois de REIMS qui prit les frais à sa charge.


Bonne Lecture,


isalucy23@orange.fr

1 commentaire:

  1. Notre cher monsieur Jaurès avait prévenu maintes fois du massacre engendré par ce conflit et il a payé de sa vie sa franchise et sa volonté de l'éviter.
    Il a été la première victime de cette guerre.....
    Nous habitions à 100m de sa maison natale à Castres. Je pense souvent à lui.

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