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L'histoire se passe en mars 1898 à ÉVREUX dans l'EURE (27)
Ce matin-là, la femme de ménage chargée de nettoyer l'appartement du père BARRÉ vient de frapper à la porte du 44 rue des murs St Louis, mais elle n'obtient aucune réponse. Étonnant se dit-elle car le locataire est plutôt matinal. Intriguée, elle pose la main sur la poignée de la porte et constate qu'elle n'est pas fermée. Après l'avoir poussée, elle entre d'un pas assuré mais reste saisie de terreur devant le spectacle effrayant.
Le retraité des Contributions Indirectes, Pierre BARRÉ, le visage violacé, la langue pendante, gît au sol ; il a une corde nouée autour du cou. La pièce est en désordre, le mobilier a été renversé, les tiroirs ouverts ont été fouillés. Des reste de papier brûlés se trouvent dans l'âtre de la cheminée. La femme de ménage sort rapidement de la maison et court prévenir la police. C'est le commissaire François CLÉRO qui est chargé d'enquêter car très vite on exclut le suicide. Il se chargera de la déclaration auprès des autorités (Acte N° 107).
Les voisins ont bien eu la visite d'un homme insistant, à la recherche d'une location ; le comportement de l'individu les a interpellés mais il est possible que cela n'ait rien à voir avec le décès du vieil homme. D'ailleurs à quelle heure la mort a-t-elle eu lieu ?
Le médecin légiste situe la mort aux alentours de 20 h, la veille, 8 mars 1898. L'homme allait avoir 72 ans. Il était natif de Port-le-Grand dans la SOMME (80). Il fut un temps matelot puis douanier, rattaché aux Contributions Indirectes dont il était retraité. Il avait perdu son père alors qu'il était enfant et avait été élevé par sa mère décédée peu avant son mariage. Il avait épousé(à ABBEVILLE) une cousine au deuxième degré : Julie BARRÉ. L'année suivante, leur était née une fille : Claire. Leur unique fille avec qui il n'avait plus de contact. Celle-ci, ayant pris parti pour sa mère, avait rompu tout contact. Mariée à un cousin proche, elle était installée à AMIENS (80) et s'occupait de ses 4 enfants.
Pierre BARRÉ était né le 11 mars 1824 à 17 h à Port-le-Grand (80).
Le voisinage parle d'un homme au comportement curieux. La femme de ménage était là depuis peu. C'est la précédente bonne, Mme DAMAND, couturière, veuve de 27 ans qui lui donnera des informations sur son attitude déplorable. Elle avait rendu son tablier, lasse de ce vieux vicieux qui la coinçait, trop souvent à son gré, dans tous les coins de la maison pour pouvoir la tripoter. Il n'avait de cesse de vouloir lui montrer ....ses titres au porteur. Selon elle, c'était sans doute pour obtenir davantage que du tripotage.
Les adjoints du commissaire se chargent de prospecter auprès des maisons de tolérance d'ÉVREUX.
Le résultat de leurs investigations dans les registres des établissements concernés rapporte que Pierre BARRÉ avait des besoins sexuels importants. Mais le retraité disposait d'une pension confortable qui lui permettait de s'offrir le luxe de faire venir ces dames chez lui, le soir.
Les policiers ont également découvert qu'une des prostituées, une certaine Anita, est absente "au travail" depuis quelques jours. Anita se nomme en fait Angèle DORÉ. Son proxénète est également absent du quartier depuis la même période. Il s'agit d'un certain BERTHELOT Louis Alexandre, la trentaine, originaire de GRAVIGNY (27) un ancien cheminot, un intérimaire.
Une semaine s'est écoulée avant que la Police ne réussisse à mettre la main sur le souteneur . Les premiers échanges avec lui ne sont pas concluants. La tenancière de l'hôtel de passe sera convoquée, les "dames de compagnie" également. Dès lors les policiers ont une idée du scénario. D'ailleurs, tout tourne autour d'Angèle DORÉ qui semble avoir été l'instigatrice du crime et dont on dit qu'elle avait très mauvaise réputation. Certains diront que la victime l'avait bien cherché en faisant miroiter ses titres au porteur à toutes ces filles. D'autres rapporteront que Louis BERTHELOT et Angèle DORÉ n'avaient pas fait preuve de beaucoup de discrétion dans leurs conversations, parlant à tort et à travers de leur butin.(15 000 francs)
Interrogés séparément, ils se renvoient tour à tour la responsabilité du crime. Les jurés, lors du procès, seront aussi sévères pour l'un que pour l'autre, compte tenu de leur passé respectif.
Louis BERTHELOT né le 14 juillet 1866 à GRAVIGNY (27) écopera d'une condamnation à Mort commuée en Travaux Forcés à perpétuité. Il partira pour la GUYANE, le 15 mars 1899, un an après le meurtre. Il décédera aux îles du Salut, le 11 juillet 1901, soit deux ans plus tard.
Sa comparse, Angèle DORÉ, sera condamnée à 20 ans de Travaux Forcés. La prison lui ouvre les bras.
Bonne Lecture,
isalucy23@orange.fr
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